Agent débile 07
Le 4 avril 2015
L’unique incursion de Mario Bava dans l’Eurospy parodique, un accident de parcours largement plombé par les facéties burlesques du duo comique Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, mais qui bénéficie malgré tout d’une superbe édition collector de la part d’Artus.
- Réalisateur : Mario Bava
- Acteurs : Vincent Price, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Fabian
- Genre : Comédie, Espionnage
- Editeur vidéo : Artus films
- Durée : 83 minutes (italien) ; 78 minutes (américain)
- Titre original : Le spie vengono dal semifreddo
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– Sortie DVD : le 7 avril 2015
L’unique incursion de Mario Bava dans la parodie, un accident de parcours largement plombé par les facéties burlesques du duo comique Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, mais qui bénéficie malgré tout d’une superbe édition collector de la part d’Artus.
Le film : Ambitionnant de dominer une partie du monde, le Dr Goldfoot s’allie à la Chine et cherche à causer la guerre entre les USA et l’URSS. Son plan est d’éliminer dix généraux de l’OTAN, et de prendre la place du dernier. Pour cela, il élabore ses fameuses Girl Bombs, des filles toutes aussi sexy les unes que les autres qui explosent dès qu’on les embrasse. Mais l’agent Dexter, souhaitant réintégrer sa place dans les services secrets, décide de contrecarrer les plans de Goldfoot. Aidé par deux portiers débiles se faisant passer pour des espions, il va accumuler les bavures sur bavures.
Notre avis : Profitant du succès des premiers James Bond, les producteurs italiens ont ainsi proposé leurs variantes de l’espion anglais autour de codes/clichés précis du film d’espionnage des années 60. Deuxième Eurospy édité par Artus, après un efficace Opération Goldman, L’espion qui venait du surgelé est, selon les dires de Vincent Price, "le film le plus terrible dans lequel [il a] joué". Voulant capitaliser sur le succès du sympathique Dr. Goldfoot and the Bikini Machine (1965) de Norman Taurog, Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson, producteurs de l’AIP et de Roger Corman, ont eu la malheureuse idée de confier la suite à Mario Bava, qui n’avait jamais réalisé de comédies, qui plus est une parodie avec les deux frères Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, trublions du burlesque italien dirigés par de grand réalisateurs tels que Lucio Fulci, Sergio Corbucci, Luigi Comencini, Federico Fellini ou encore Steno, mais dont les grimaces et les gags lourdingues ont eu beaucoup de mal à franchir le cap des années, contrairement à un Totò.
Dépassé par la vampirisation du projet par les deux frérots en concurrence avec le pauvre Vincent Price en roue libre (la direction d’acteurs n’a jamais été le fort de Mario Bava, mais alors là on atteint des sommets), condamné à expliquer son projet machiavélique en s’adressant directement au spectateur ou à se déguiser en nonne pour échapper aux autorités, Mario Bava réalise là une œuvre pop régressive, mais également sans âme, artificielle, et qui ne possède même pas la patte si particulière du maître de l’épouvante. Pas d’effets de lumière, pas de trucages visuels, pas de maquillages réussis, rien ! Dans le même genre, Mario Bava se rattrapera quelques années plus tard avec le culte Danger Diabolik !, toujours inédit chez nous. Au milieu de ce casting hétéroclite dominé par Franco et Ciccio, le jeune chanteur Fabian se débrouille comme il peut dans le rôle d’un espion américain.
Œuvre hybride qui s’explique en partie par sa genèse compliquée, L’espion qui venait du surgelé a été présenté au public en deux versions différentes : une version italienne mettant en avant le duo comique, et une version américaine se focalisant sur le personnage de Vincent Price. Cette dernière n’est malheureusement pas mieux lotie que son homologue transalpin puisqu’elle souffre d’un montage erratique. Tout juste pourra-t-on souligner une présence plus importante de Laura Antonelli, qui incarne la fiancée de Fabian pour son premier rôle au cinéma. La partition de Lallo Gori est également remplacée par une composition de Les Baxter.
Quelques idées amusantes resteront en mémoire, comme ce projet qui consiste à fabriquer à la chaîne des femmes/robots explosives avec l’aide de la Chine, où cette scène parodiant ouvertement la séquence de la bombe dans Docteur Folamour. Paradoxalement, L’espion qui venait du surgelé fut un des plus gros succès de Mario Bava au box-office italien, les voies du cinéma sont parfois impénétrables...
L’espion qui venait du surgelé - Film-annonce par apparitor
LE TEST DVD
Une superbe édition double DVD assortie d’un digipack vintage du plus bel effet. Cette édition concoctée avec amour a de quoi surprendre pour un tel film, inédit en France et proposé pour la première fois dans ses deux montages américain et italien.
Les suppléments :
Outre un superbe digipack très "comics" reprenant l’affiche américaine, mais dont la mention de la collection "Ciné Fumetti" peut surprendre (il aurait été plus logique de sortir le film dans la collection "Eurospy" commencée avec Opération Goldman), Artus nous propose en guise de bonus une galerie de photos, une bande-annonce de la collection, un générique de début alternatif pour la version américaine et un entretien de 21 minutes avec Eric Peretti, qui revient, avec parfois quelques hésitations, sur la genèse particulière de ce film.
L’image :
Version italienne : Probablement montée à partir de plusieurs masters, la version italienne est d’une qualité très inégale, alternant de superbes plans aux couleurs très vives et d’autres plans très fades, manquant de précision, mais qui a au moins le mérite de respecter le format 1.85:1.
Version américaine : Le Technicolor bénéficie d’un master de meilleure qualité, qui fait resplendir les couleurs très vives du film sans soucis de compression. Une image globalement de bien meilleure qualité que la version italienne.
Le son :
Version italienne : La seule piste audio disponible pour ce montage est présentée en Dolby Digital 2.0. Si la musique du générique sature légèrement, le reste de la bande-son italienne ne présente aucun défaut notable, et met bien en valeur la musique cartoonesque de Lallo Gori. A noter, quelques problèmes au niveau des sous-titres français qui apparaissent parfois en plein milieu de l’écran dans la première partie du film !
Version anglaise : La version américaine est proposée avec pas moins de trois pistes audio en Dolby Digital 2.0. Le doublage américain, plus qu’inégal pour les acteurs d’origine italienne, souffre du problème de montage, notamment lors des apparitions du duo comique, dont la présence à l’écran a été amoindrie par rapport à la version italienne. Malgré ces problèmes assez curieux, la version anglaise est la meilleure des trois sur le plan technique, elle est en effet plus naturelle que les deux doublages français également proposés en Dolby Digital 2.0, le premier est le doublage d’époque, le deuxième, moins réussi, semble avoir été réalisé pour la rediffusion du film à la télévision, plus une curiosité qu’autre chose.
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