Le 23 décembre 2019
Si le film dénonce avec gravité la puissance de la mafia dans le sud de l’Italie, la pénurie des moyens et l’austérité de la mise en scène desservent le propos.
- Réalisateur : Vincenzo Marra
- Acteurs : Mimmo Borrelli, Roberto Del Gaudio, Astrid Meloni, Paolo Sassanelli
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 25 décembre 2019
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Résumé : Ancien missionnaire en Afrique, le père Giuseppe se fait transférer dans une petite ville près de Naples. Il y remplace le curé local, Don Antonio, dont le charisme et le combat contre l’élimination illégale de déchets toxiques lui ont valu le respect de la communauté. Giuseppe se révèle un digne successeur, luttant contre toutes sortes d’injustices, mais celui-ci se heurte rapidement à la dure réalité locale...
Notre avis : L’enfer est pavé de bonnes intentions. C’est à peu près la conclusion à laquelle ce prêtre militant, le père Giuseppe, envoyé dans un quartier populaire de Naples d’où il est originaire, doit arriver. Cet homme bon dévoue son existence aux autres et à l’injustice qu’il côtoie auprès des personnes démunies le terrasse. Même sa foi peut être mise à rude épreuve, particulièrement lorsqu’une petite fille subit l’inimaginable par des adultes. En fait, L’equilibrio, dont on ne comprend le titre énigmatique qu’à la fin du film, raconte tout à la fois l’expérience d’un homme de foi qui tente de sauver une ville étranglée par la mafia locale, et celle d’habitants qui ne peuvent faire autrement que de céder à la pression. Tout le système économique et social est fondé sur des échanges parallèles, dont la police, l’Église et la cité finissent par s’accommoder.
- Copyright Les Films du Camélia
Vincenzo Marra s’attaque à un sujet délicat, avec une évidente pénurie de moyens financiers. Le réalisateur centre la dénonciation de ce système mafieux autour de la figure quasi christique du prêtre. Ce dernier essaye de sauver un monde qui repose, depuis de très nombreuses années, sur l’abandon par la puissance publique et sur la mainmise par les trafiquants de drogue. Mais au-delà de l’apparente sobriété des moyens consentis pour la réalisation, le film pêche par un manichéisme ravageur qui met dos à dos un curé engagé pour le bien de la société, et des jeunes gens sans foi ni loi, sinon qu’ils tiennent leur quartier et y font respecter leurs propres règles. Le prêtre s’apparente à une sorte de martyr, au point d’ailleurs que le terme est employé par un protagoniste à son endroit. A la façon de Jésus-Christ, le religieux se sent abandonné et doute un instant de la bonté de Dieu. La musique de générique de fin conforte un propos presque puritain, qui oppose le sauveur incompris et la foule de pêcheurs, aveuglés par l’appât du gain.
- Copyright Les Films du Camélia
L’equilibrio ne tient pas son pari. Bien sûr, ce détournement par les organisations mafieuses de la question des ordures, pour mieux cacher les trafics de drogue insidieux, constitue un intérêt incontestable du scénario. Mais Vincenzo Marra n’exploite pas suffisamment le sujet et réduit son film à une sorte de récit d’un justicier catholique, mu par l’idée qu’il se fait du Bien. Le cinéaste aurait eu besoin de plus de temps pour faire le lien entre le scandale des ordures abandonnées, qui empoisonnent les gens, et la vente de drogue. Le lien entre les deux se fait si rapidement qu’on en vient presque à s’interroger sur la vraisemblance de l’histoire. On se demande comment ce curé s’introduit si facilement sur le repère des mafieux, qui tiennent les toxicomanes sous leur emprise. L’indifférence des autorités, des religieux, des médecins devient presque douteuse, au service d’un récit maladroit.
- Copyright Les Films du Camélia
Nous n’aurons pas été convaincus par L’equilibrio, qui fait la démonstration que le talent d’un cinéaste ne suffit pas, si les moyens manquent. Le film aurait pu gagner en intensité, s’il avait pris le temps de disséquer moins outrageusement l’emprise de la mafia sur l’Italie du Sud. En l’état, le long-métrage passe à côté de son sujet.
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