Après le décevant Concile de Pierre, on se demandait quelles surprises allait nous réserver Jean-Christophe Grangé. Qu’on se rassure ! Il renoue avec les bonnes recettes utilisées dans Les rivières pourpres ou Le vol des cigognes et nous livre, avec L’empire des loups, un très bon cru.

Grangé aime les tandems de flics composés d’un bon et d’un méchant, les précisions encyclopédiques, le milieu scientifique et les excursions en terre étrangère. Il aime aussi entraîner son lecteur sur une multitude de pistes avant d’éclairer l’unique route vers laquelle tout converge. Suspense savamment dilué, rebondissements imprésivibles, meurtres à la pelle, rien ne manque dans L’empire des loups. Pas question de déflorer l’intrigue. Quelques repères suffiront pour éveiller la curiosité.

Paul est un jeune flic chargé d’enquêter sur des meurtres commis dans la communauté turque de Paris. Trois ouvrières ont été sauvagement assassinées dont le seul point commun est une ressemblance physique. Paul décide de s’adjoindre les services de Schiffer, un ancien flic à la réputation sulfureuse et aux pratiques peu orthodoxes. Schiffer, pour y avoir très longtemps roulé sa bosse, connaît le quartier et ses rouages comme sa poche. Il va accepter d’aider Paul.

Parallèlement, une jeune femme souffre de troubles de la mémoire. Elle ne reconnaît plus certains visages très familiers comme celui de son mari, un haut fonctionnaire de police. Elle subit, sous la surveillance d’un éminent neurologue, de nombreux examens dans un hôpital militaire. Personne ne semble comprendre d’où viennent ces dysfonctionnements.

Ce polar se passe entre Paris et Istambul. L’occasion pour Grangé de décrire le Paris des sous-sols, des ateliers clandestins et des trafics en tout genre. Belle et sordide peinture que celle-ci. Entre la Gare de l’Est et le Passage Brady, les existences souterraines sont passées au crible. N’oublions pas que l’auteur a été reporter avant de se lancer dans la fiction. Une enquête menée sur la "cartographie du cerveau" est d’ailleurs à l’origine d’un des thèmes principaux de ce roman.

L’implication des "Loups gris" dans cette histoire, extrémistes fascistes de Turquie, montre la richesse
des ressources imaginatives de Grangé. C’est tout un pan de l’histoire turque qui nous est dévoilé et le fonctionnement de ce milieu mafieux qui est démonté. Question subsidiaire : quel réalisateur va se dépêcher d’acheter les droits de ce roman pour le transformer en film à gros bugdet ? Les paris sont ouverts.