L’échange - Clint Eastwood - critique contre

LA CRITIQUE POUR

Critique : Ce qui est insupportable avec chaque nouveau long métrage de Clint Eastwood, c’est qu’il est obligatoirement accueilli avec une pluie d’éloges pompeux qui valent au fond plus pour le respect que l’auteur provoque que pour la réelle qualité de son dernier avorton. À tel point que ses fans absolus sont incapables d’être objectifs sur le moindre de ses travaux, en prétextant des inepties théoriques et l’étendard du classicisme. L’échange est peut-être l’un de ses moins bons films. Pourquoi ? Parce que c’est comme qui dirait la goutte d’eau qui fait déborder le vase et nous plonge dans la vase. Cinq ans après Mystic River, déjà écrit avec des semelles de plomb, Eastwood revient avec une nouvelle tragédie américaine tirée d’un fait réel (dans les années 1920, une mère de famille perd son enfant et ne le reconnaît plus, lorsqu’on le retrouve, cinq ans après). Dans un premier temps, son unique but, c’est de faire un mélo maternel et de faire pleurer dans les chaumières. Autant dire qu’on regarde cela l’œil sec. Mais là où le vieux briscard est très fort, c’est qu’il essaye par la suite de donner du sens à des images geignardes (sous le drame calme, attention la révolte gronde) en pointant du doigt l’incompétence et la corruption de la police du Los Angeles des années 20.
On est à la fois dans l’émotionnel et le pamphlétaire et, dans les deux cas, c’est un effroyable échec artistique desservi par un décorum de naphtaline et une mise en scène préhistorique. En réalité, TOUT est passé de mode, chichiteux, puritain, moralisateur et surtout ennuyeux au dernier degré. Puis ? Puis, plus rien. Sur un rythme de croisière redoutable, le récit progresse avec la lourdeur d’un éléphant dans un magasin de porcelaine : Clint étire son argument pendant plus de deux heures pleines de rabâchements pénibles avec en passant une Angelina Jolie, maquillée comme une voiture volée. Mais, que l’on se rassure, il revient bientôt avec du lourd, Gran Torino, qui annonce son grand retour presque bisseux au cinéma subversif de Don Siegel dans les années 70. Désolé pour les fans absolus de Clint dernière période mais on peut préférer ce Clint à l’ancienne, plus insolent, moins soucieux de décrocher des récompenses dorées (son cinéma n’ayant désormais plus que cette triste vocation), à une époque où il dérangeait et faisait du vrai cinéma en somme.