L’attaque dura sept jours - la critique du film

Notre avis : L’attaque dura sept jours est adapté du même roman que La ligne rouge de Terence Malick, et pourtant, loin du lyrisme métaphysique de ce dernier, Andrew Marton, surtout connu pour avoir été le réalisateur de deuxième équipe sur Cléopâtre ou Le jour le plus long, centre son film sur la brutalité d’un conflit réduit à une expédition meurtrière. C’est d’ailleurs le meilleur d’un métrage inégal : les assauts, dans le marais, devant des barbelés ou dans la montagne, ont la sécheresse et la dureté nécessaires. De même le piège tendu par les Japonais dans un village conquis est-il remarquablement rendu, angoissant à souhait, et porté par une musique puissante.

Warner Bros Mais le scénario tourne autant autour de la guerre que d’un affrontement personnel entre un soldat, Doll, et son chef, Welsh, affrontement idéologique et moral, ce qui n’exclut pas une discrète fascination d’ordre homosexuel. Le premier ne songe qu’à rejoindre sa femme, le second est déjà convaincu de l’absurdité de la guerre et, plus largement, de la vie humaine (il répète que l’homme est un tas de viande). L’intérêt de cette rivalité est de mener à une conclusion pessimiste, transformant un soldat ordinaire en machine à tuer qui en vient à tirer sur ses camarades. En cela, et ce n’est pas son moindre intérêt, L’attaque dura sept jours s’éloigne des canons héroïques du genre tel que défini par le classicisme hollywoodien. On n’en est pas encore à Full metal jacket, mais la faille dans la légende dorée s’immisce déjà : ordres absurdes, massacres inutiles, sacrifices vains, les graines de la contestation sont bien plantées.
Tout n’est pas réussi : les dialogues pêchent par leur lourdeur, Keir Dullea n’évite pas toujours le surjeu et quelques séquences sont bâclées (le rêve amoureux, la bagarre illisible entre les protagonistes). Cependant, on peut regarder ce film méconnu comme l’un des maillons manquants entre le nationalisme conquérant des années 50 et la vision corrosive des années 70 : le doute s’est installé, les héros sont faillibles. En ce sens, L’attaque dura sept jours ne manque pas d’atouts et mérite d’être vu, plus pour ses questionnements implicites (qu’est-ce qu’un héros ? Qu’est-ce qu’être humain ? Sommes-nous prédestinés ?) que pour ses dialogues à gros sabots. Mais les amateurs de films de guerre apprécieront aussi des scènes d’action rondement menées et relativement réalistes.