Le 18 février 2025
Un film attachant qui brasse avec humanité et humour une multitudes de thèmes qui font le sel de la vie.


- Réalisateur : Carine Tardieu
- Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Catherine Mouchet, Marie-Christine Barrault, Vimala Pons, Pio Marmaï, Raphaël Quenard, Florence Muller, César Botti
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 19 février 2025
- Festival : Festival du film de société de Royan, Festival de Venise 2024, Festival La Roche-sur-Yon 2024, Arras Film Festival 2024, Les Arcs Film Festival 2024, Festival International Film Marrakech 2024, Festival Chefs Op’ en lumière - Chalons sur Saône 2025

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.
Critique : Depuis La tête de maman (2007), Carine Tardieu dépeint, avec une précision et une fantaisie qui lui évitent de tomber dans le mélodrame, les méandres des sentiments humains, au sein de la famille (Du vent dans mes mollets, Ôtez-moi d’un doute) ou du couple (Les jeunes amants), de préférence lorsqu’ils se vivent hors du cadre établi. Les tumultes familiaux ont souvent, avec plus ou moins de bonheur, inspiré les cinéastes. Ici, la capacité de sa réalisatrice à capter les détails du quotidien avec une perspicacité telle que le spectateur se sent en immédiate connexion avec les personnages permet à L’attachement de se distinguer de ses concurrents.
Sa famille, on la subit, ses amis, on les choisit dit un vieil adage populaire. Pourtant, cette comédie douce-amère qui parle de deuil et de reconstruction, de célibat et de paternité, nous prouve que sa famille, on peut la construire, à travers la trajectoire de Sandra, que l’on suit avec un intérêt grandissant.
- Copyright Karé Prod. France 2 Cinéma - Umedia
Sandra (Valeria Bruni-Tedeschi) est réveillée de bon matin par ses voisins de palier qui doivent se rendre d’urgence à la maternité pour la naissance de leur deuxième enfant et souhaitent lui confier, pour quelques heures, la garde de l’aîné. Quinquagénaire indépendante, intellectuelle solitaire et fière de l’être, ayant fait le choix de ne pas se reproduire, Sandra tient une librairie. Elle avoue sans état d’âme préférer nettement la compagnie des livres à celle des enfants. Bon gré, mal gré, elle accepte de rendre ce service sans imaginer qu’au moment où le drame surgit, sa rencontre impromptue avec un enfant malicieux et un papa perdu va fissurer ses certitudes.
Inspiré de L’intimité, roman d’Alice Ferney, et découpé en chapitres marquant les mois d’anniversaire du nourrisson que l’on regarde grandir, le scénario, servi par une mise en scène discrète mais toujours au cœur de l’action, fait jaillir toute une gamme de sentiments magnifiquement portés par des personnages contenus, entre pudeur et désir de liberté, auxquels des comédiens prêtent toute l’immensité de leur talent, à commencer par Valeria Bruni-Tedeschi, clé de voûte de cette aventure éminemment humaine. L’actrice qui a souvent affiché de manière ostentatoire ses doutes et ses angoisses trouve la juste mesure pour transmettre des émotions contradictoires qu’elle parvient à faire coexister avec délicatesse, mêlées de rire et de larmes. Féministe convaincue détachée des diktats patriarcaux, elle accorde à ce personnage qui accepte de laisser fondre la carapace qu’il s’est forgé, une tendresse inattendue. À l’inverse, Vimala Pons, solaire et épicurienne, déploie une belle énergie pour véhiculer l’image d’une femme plus traditionnelle jusqu’à ce qu’elle comprenne la difficulté de s’émanciper des injonctions familiales.
- Copyright Karé Prod. France 2 Cinéma - Umedia
Si le féminisme s’invite, il se veut apaisé et a surtout la bonne idée de laisser toute latitude à la sensibilité masculine. Pio Marmaï, qui tient ici sans doute l’un de ses meilleurs rôles, nous régale d’une prestation entre ombre et lumière tandis que Raphaël Quenard, touchant de bonne volonté maladroite, confirme que la virilité peut faire abstraction de la rivalité. Et puis, l’inégalable spontanéité du jeune César Biotti, l’enfant par qui tout arrive, complète d’une touche nécessaire d’espièglerie cette galerie de héros chahutés par la vie, sans oublier les interventions courtes mais efficaces de Catherine Mouchet et Marie-Christine Barrault.
Alors bien sûr, certains ne manqueront pas d’objecter que tous les instigateurs de cette délicieuse épopée sont sans doute trop gentils pour être crédibles. Mais n’est-ce pas la magie du cinéma que de magnifier la vie dans ce qu’elle a de plus précieux ? Si tel est le cas, la réussite est totale !