Le 18 mars 2011
Ami lecteur bonjour, aujourd’hui, je vais faire exploser les barrières de la langue. Oui ami, je te propose de faire un tour au cœur de l’atelier Nemo. Mais qui se cache derrière cet atelier NEMO ?
Ami lecteur bonjour, aujourd’hui, je vais faire exploser les barrières de la langue. Oui ami, je te propose de faire un tour au cœur de l’atelier Nemo. Mais qui se cache derrière cet atelier NEMO ? Ne trépigne plus, je vais te le dire, cet atelier est composé de 5 jeunes et talentueux italiens dont 4 dessinateurs/scénaristes et un « mathémagicien ».
L’atelier NEMO se trouve proche de Paris, dans pavillon qu’ils ont retapé et transformé selon leurs envies et leur besoin. Chacun a son espace. Ils vivent ensemble, mangent ensemble, rigolent ensemble et surtout travaillent ensemble. Quel est leur secret ?
NB : Ils ont tous les 5 un accent qui malheureusement ne passe pas à l’écrit et tous m’ont parlé en français, je garde donc « les petites fautes » que je trouve, quant à moi, savoureuses.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Roberto Ricci et je suis dessinateur de BD et à part la bande dessinée je fais des illustrations, j’ai également une petite société de jeux vidéo avec mes amis.
Auparavant, je travaillais comme superviseur pour différents albums toujours en France.
T’étais prof aussi, je crois ?
- Ah oui mais je ne suis plus prof et j’avais oublié (rire), donc j’étais prof de dessin à Rome, oui c’est exact.
- Et moi, je suis Laura Iorio, je suis dessinatrice, je fais de la BD et mon rêve serait d’illustrer des livres pour enfants. Jusqu’à présent j’ai fait un album pour une maison d’édition musicale (de la bd en musique) : ma BD s’appelle June-CHRISTI pour Bd Music editions.
En ce moment je travaille pour la nouvelle série chez Dargaud, c’est une série qui s’appellera Le Cœur de l’ombre et raconte l’histoire d’un enfant timide qui fait la rencontre d’un croquemitaine.
- Je suis Mattéo Simonacci, je suis dessinateur BD, notamment sur l’abum DELTA (Roberto y était storyboarder). Je travaille à présent sur un album chez Glénat qui s’appellera Furya.
- Je suis Tommaso Bennato ; également dessinateur BD je travaille (en realité il a terminé sa serie chez Clair de Lune, donc il a travaillé….) pour la maison d’édition Clair de Lune sur le projet Mystic hearth qui raconte l’histoire d’un policier exemplaire qui a un démon qui vit en son cœur alors qu’un ange sommeille dans le corps d’un enfant. Tous deux vont devoir apprendre à vivre ensemble avec leurs différences
Comment fonctionne l’atelier, comment vous vous répartissez les rôles et comment vous travaillez ensemble ?
Roberto : Dans un premier temps chacun de nous travaille sur son projet, seul...
Mattéo : mais cela nous arrive souvent de collaborer sur des projets, Roberto fait partie de ces projets à chaque fois. Ensemble, nous avons fait un album pour des laboratoires, cette bd expliquait une maladie.
Vous mettez ensemble vos talents et cela vous apporte quoi si vous intervenez … par exemple d’autre travail ou pas du tout , quand c’est un travail personnel
Roberto : Oui bien sûr les conseils des autres nous permettent d’avancer surtout lorsque nous sommes bloqués dans le scenario ou le dessin, sinon on n’arriverait pas. Maintenant nous avons trop l’habitude de travailler ensemble !
Laura : En fait moi par exemple quand je travaille je dois m’enfermer dans ma bulle, je dois me concentrer, je ne parle pas beaucoup avec les autres et les garçons me disent toujours que je suis un peu égoïste (en fait ils me disent que je suis « autiste » :D) oui quand je travaille.
Mais c’est bien de travailler dans un atelier parce que comme je l’ai dit c’est stimulant, on se donne toujours des conseils, on s’aide beaucoup mais aussi on arrive à passer un peu notre timidité car on est habitué à travailler tout seul donc on a des problèmes aussi à montrer son travail aux autres personnes, oui parce que ça fait toujours un peu peur d’être jugé… toute la journée, toute l’année, quelqu’un qui dit « ah c’est pas trop bien y un problème » donc ça permet d’avancer très vite.
C’est pas frustrant justement de travailler ensemble tout le temps ?
Roberto : Le travail c’est toujours comme ça, un peu haut, un peu bas
Mattéo : Oui comme toutes les cohabitations c’est difficile à gérer un peu
Depuis combien de temps vous êtes-vous installés en France ?
Roberto : Moi je pense depuis octobre 2000 et effectivement l’équipe a commencé à fonctionner en janvier 2010 parce que avant nous avons du faire tous les travaux à la maison rendre habitable pour pouvoir travailler bien, nous avons du créer des espaces pour vivre aussi facilement, c’était compliqué mais bon maintenant nous avons trouvé l’équilibre. (Ami lecteur, je te propose d’imaginer cette phrase avec l’accent italien…superbe !)
Et pourquoi vous vous êtes installés en France ?
Roberto : Avant tout c’est parce que tout le monde travaille pour la BD française aussi c’était surtout pour rentrer dans l’ambiance, dans le monde où nous travaillons et puis, c’était cette volonté de travailler tous ensemble, de ne plus se trouver isolé dans son coin. De cette façon, aussi, on peut tout vivre, les expositions, l’actualité et tout ce qui tourne autour de la BD, aussi rencontrer les autres personnes, les professionnels qui sont ici. On a la possibilité de demander des conseil aux autres dessinateurs français et c’est super !
Laura : La BD en Italie n’est pas aussi populaire qu’en France il y a une grande maison d’édition Bonelli ensuite il y a DISNEY ITALIE et c’est tout.
Ce n’est pas dans la culture ?
Laura : Pas comme en France, en Italie il y a MICKEY pour les enfants et la bd Bonelli pour les adultes. L’idée générale est que les BD c’est toujours pour enfants, il n’ y pas de niveau de BD « plus adultes ». Quant aux ados, ils vont plutôt vers les comics, les mangas (ça se diffuse plus facilement) mais pour le travail et pour nous les dessinateurs BD il n’y a pas place en Italie.
Roberto : Si par exemple, moi, j’arrive avec mes projets BD et s’il y a un problème je vais chez mon éditeur parisien… j’ai créé des liens pour… Ça n’existe pas ou presque pas en Italie
Vous suivez les conseils des lecteurs de temps en temps ?
Roberto : Oui, Parfois, il y des choses un peu étranges qui sortent, on m’a dit par exemple que j’étais un peu raciste parce que je ne dessinais pas d’hommes ou de femmes noirs… Mais en général, on écoute les remarques que l’on peut nous faire et c’est vrai que cela nous fait réfléchir.
Tommaso, veux-tu nous donner petit peu ton avis ? Même si tu le fais en italien ce n’est pas grave. Je crois savoir que tu vis 15 jours en France, 15 jours en Italie, tu y travailles encore ?
Tommaso : Je rentre avant tout pour ma famille, c’est une nécessité, je continue à travailler aussi en Italie mais en tant que graphiste.
D’accord et pour toi aussi c’est plus simple de vivre tous ensemble pour ton travail ?
Tommaso : Je n’ai pas leur expérience de la BD donc cela m’aide à avancer.
Roberto : Il y autre chose de très important en France pour nous c’est de partager avec nos expériences, on recherche toujours les personnes pour mélanger notre expérience.
Cherchez-vous à avoir d’autres personnes dans votre atelier pour travailler avec vous ?
Roberto : Oui mais avant il faut que nous nous organisions. Mais pourquoi pas.
Mattéo : Ho non, pas encore des travaux !! (Rires)
Mais il faut quand même bien se connaitre car nous sommes toujours dans la maison, l’atelier. Il faudra qu’il ou elle nous supporte. Mais apprendre des autres les différentes techniques de travail, c’est très très bien. Ca te pousse un peu plus, c’est un avantage...
C’est quoi votre actualité ?
Roberto : Je vais bientôt sortir une bd avec Luc Brunschwig (Directeur de collection chez Futuropolis) : URBAN, c’est une série qui était sortie il y a une quinzaine d’années, on reprend tout depuis le début mais la base c’est pareil.
Laura : Moi je travaille avec lui sur la série qui s’appelle Le cœur de l’ombre, je travaille maintenant sur le tome 2 car le tome 1 est terminé depuis 2 ans mais il n’est pas encore sorti. C’est une histoire un peu compliquée, initialement mon éditrice voulait faire sortir la série en 2 tomes en même temps puis elle a changée d’avis et donc maintenant le 1er tome devrait sortir d’ici quelques mois j’espère. A présent, je travaille sur le tome 2 .
Mattéo : Moi je travaille sur Furya avec Jean Fonteneau, c’est toujours le même scénariste que pour DELTA et je suis en train de terminer le 1er tome et commence à travailler sur le 2ème tome. C’est toujours un projet d’aventure un peu fantastique.
Un père (ancien nazi) et sa fille vivent en Amazonie dans un sous-marin et vont vivre une aventure avec un chasseur de trésor.
La sortie devrait être pour janvier 2012.
Tommaso : Je suis associé à Roberto pour faire des essais chez Glénat. Je fais également des études de personnages pour le jeu vidéo que Roberto et Simone développent.
Une petite anecdote sur la BD ?
En cœur : C’est la question la plus difficile ! (oui je suis fourbe, ami lecteur.. !)
Mattéo : Lorsque j’étais étudiant, j’habitais avec mes parents et je travaillais aussi dans ma maison parce que je n’avais pas un atelier pour travailler. Un jour, une dame est passée voir mon père pour discuter. Elle était accompagnée par son fils de 4 à 5 ans maximum et donc pour l’occuper un peu je lui ai donné des crayons pour dessiner il s’est mis à côté de moi et s’est mis à dessiner. Il me posait des questions sur mon travail, me demandait qu’est-ce que tu fais, je dis je fais ça, je montrais le dessin, et lui me montrait également son dessin. Ensuite, il me dit qu’il dessine beaucoup et que lorsqu’il ne dessine pas, il joue beaucoup ce à quoi je réponds que moi aussi je dessine beaucoup et que moi aussi je joue lorsque je ne dessine pas. A ce moment il m’a regardé et m’a dit : « toi aussi tu es un enfant ? »
Laura : L’histoire se passe quand j’étais toute petite et que j’étais à la crèche, je ne savais même pas lire et la maîtresse, le dernier jour de l’école, nous a dit (tous les enfants) de prendre un jouet en souvenir de l’école. La plupart des enfants emportent un jouet mais moi par contre je prends une vielle BD de Mickey Mouse toute abîmée sans couverture, il manquait aussi des pages et comme je l’ai déjà dit je ne savais même pas lire mais je l’adorais, c’était la chose la plus belle du monde. La maitresse était étonnée et m’a demandé si j’étais bien sure de mon choix ? « Pourquoi tu prends cette BD toute abîmée alors qu’il y a plein de jouets ? ». Je l’aimais beaucoup je me rappelle que pendant plusieurs nuits j’ai dormi avec comme une petite peluche, je crois que j’étais vraiment bizarre…
Roberto : Lorsque j’ai commencé à vouloir venir travailler en France, je n’avais aucun contact, je connaissais peu de dessinateurs et je n’arrivais à rien. Le jour où je suis arrivé je devais contacter mon premier scénariste Philippe Saimbert, on ne s’était jamais vus. Lui travaillait depuis la France moi depuis l’Italie. Je travaillais tout seul sur le projet et la première fois que nous nous sommes rencontrés c’était sur Paris, je ne parlais pas du tout Français… Nous avions rendez-vous une après avec notre maison d’édition. Devant l’éditeur, je ne disais rien et Philippe il parlait, parlait, parlait et moi je ne disais toujours rien, j’ai passé le rendez-vous à sourire comme ça, et dire oui, merci, oui, merci. Je crois que les éditeurs ont dû penser que moi ou un vendeur d’encyclopédies c’est la même chose. J’étais vraiment un peu naïf...
Tommaso : A l’école, j’ai gagné un voyage au Japon et bien entendu, ne parlant pas un mot de japonais, j’avais de grosses difficultés à me faire comprendre. La seule solution que j’ai trouvée a été de dessiner ce que je voulais dans un petit carnet. Ca faisait beaucoup rire les japonais mais c’était très efficace !
Et c’est quoi la dernière BD que vous ayez lue ?
Laura : Une histoire, très forte en émotion et triste, Le tome 2 de Lucille : René. C’est une histoire terrible que j’ai beaucoup aimée.
Tommaso : Tout seul de Chabouté. Beaucoup d’émotions passent par le dessin. J’ai été très touché par la solitude du personnage et par le physique du héros.
Mattéo : L’Incal, je révise mes classiques ! Tout le monde me parlait de cette bd et il fallait que je la lise. C’est super !!
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