Le 23 juin 2015
A l’occasion de la sortie en France le 24 Juin prochain de son premier long-métrage de fiction L’Année Prochaine, Vania Leturcq était à Paris Mardi 9 Juin, et nous a accordé un petit entretien pour nous permettre de mieux comprendre les enjeux de son film.
- Réalisateur : Vania Leturcq
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A l’occasion de la sortie en France le 24 Juin prochain de son premier long-métrage de fiction L’Année Prochaine, Vania Leturcq était à Paris Mardi 9 Juin, et nous a accordé un petit entretien pour nous permettre de mieux comprendre les enjeux de son film.
Née en 1983 à Namur, en Belgique, Vania Leturcq est titulaire d’une Licence en Réalisation, obtenue à l’Institut des Arts de Diffusion (I.A.D). Après ses études, elle travaille comme assistante réalisatrice avant de réaliser elle-même plusieurs court-métrages et documentaires. L’Année Prochaine, comédie dramatique d’une incroyable sensibilité, est son premier long-métrage.
Avoir-Alire : Vous dites que François Truffaut vous a donné envie de faire du cinéma. Mais n’étiez-vous pas un peu anxieuse à l’idée de franchir le pas et d’en faire vraiment carrière ?
Vania Leturcq : Anxieuse, pas vraiment. L’envie de faire ce métier était si forte, et le chemin pour y arriver est si long, que j’ai plutôt eu le temps de ressentir une grande impatience et puis une grande joie de parvenir enfin à faire des films. Alors évidemment, à la veille du tournage, on est pris d’une peur, je l’avoue, de ne pas réussir à faire le film qu’on imagine. Mais je n’ai jamais pensé au cinéma en terme de carrière, c’était une passion, un désir à assouvir absolument.
L’Année Prochaine évoque la transition difficile de l’adolescence à l’âge adulte. Pourquoi avoir choisi ce thème pour votre premier long-métrage ?
Je voulais avant tout parler d’une histoire d’amitié très forte, presque une histoire d’amour. Et j’avais envie de me replonger dans ce passage de la fin de l’école au début des études, moment où malgré notre jeune âge on nous demande de poser des choix, de prendre des décisions fondamentales pour la suite de notre vie. On ne se connaît pas très bien à cet âge, alors on le fait souvent à partir d’une vague intuition, avec le risque évident de se planter... Et ça peut être très violent. J’ai choisi de confronter cette amitié de longue date à un moment aussi charnière que celui-là.
C’est aussi une quête identitaire pour vos deux héroïnes.
Oui, complètement. Clotilde et Aude vont vivre la fin de leur enfance et les tout débuts de leur vie de femme. Et la fin d’une relation fusionnelle pour aller chacune vers leur désir propre, vers la vie qu’elles se souhaitent. Il était crucial pour moi, de montrer ce que la rupture a de douloureux, mais aussi tout ce qu’elle a de positif. C’est compliqué d’assumer de changer face à quelqu’un qui nous connaît depuis toujours. Et compliqué d’apprendre qu’on a beau aimer l’autre, on ne sait pas mieux que lui ce qui lui convient. En se détachant l’une de l’autre, Clotilde et Aude vont apprendre à être plus libres.
Chaque plan de votre film semble très épuré, autant dans la lumière que dans les mouvement de caméra. Quels sont vos partis pris esthétiques ?
Une recherche de simplicité justement. Je pense que cette histoire peut prendre place n’importe où et à n’importe quel moment, nous avons donc cherché à ne pas trop marquer l’époque, ne pas trop figer les lieux. Je voulais être du côté des sensations, des émotions. Accompagner les personnages, donner à voir le décor non pas objectivement, mais comme elles le ressentent. Les couleurs, les matières, les lumières, étaient fondamentales dans cette recherche sensorielle.
Les hommes sont omniprésents. Quelle est leur place dans le film ?
Oui, ils viennent tous appuyer le parcours de ces deux amies, Clotilde et Aude. Au départ ils contribuent à les rapprocher, quand il s’agit des parents avec lesquels elles sont en rupture. Puis ils viendront creuser l’écart entre elles, quand ce sont ceux dont elles tombent amoureuses. Mais je voulais à tout prix éviter d’en faire des figures, ils ont leur personnalités propres, leurs caractères forts. Simplement comme tout le film est raconté du point de vue des deux filles, les hommes sont, comme les autres, les objets de leurs projections et de leurs désirs.
- © Chrysalis Films
Vous aimez aussi filmer les corps.
Effectivement, je me sens presque plus à l’aise avec les corps qu’avec les mots. Pour ce film, je voulais qu’on ne soit jamais dans quelque chose de théorique, mais d’organique. Que le spectateur passe un moment dans la peau, dans la chair de Clotilde et Aude. Je pense que ce qui se joue entre deux personnes, entre deux amies comme celles-là, passe bien plus sincèrement dans les gestes et les regards, que dans les mots. Nous avons travaillé dans ce sens avec les comédiennes.
Les personnages ont tous des personnalités et des identités très fortes. Comment les avez-vous construits ?
C’est un travail progressif, qui met du temps, se fait par petites touches. Je voulais absolument qu’aucun personnage ne soit lisse, manichéen. J’ai d’abord longtemps écrit ce scénario seule, puis j’ai travaillé avec un co-scénariste, Christophe Morand. Son regard d’homme sur cette histoire très féminine m’a fait du bien. Ensemble nous avons continué à fouiller ces personnages, à les enrichir. Et puis il y a ce qui se passe quand un comédien donne vie à un personnage, qui devient alors encore plus fort et intéressant que ce qu’on avait pu imaginer.
On retrouve, dans L’Année Prochaine, la pureté de Céline Sciamma et la douceur de Jérôme Bonnell. Parlez-nous de vos influences.
Merci pour ces comparaisons, ce sont deux cinéastes que j’admire beaucoup ! Nous avons justement revu Tomboy avant le tournage : c’est pour moi un exemple de justesse dans les émotions et les sensations, dans une incroyable simplicité apparente. Sinon, au tournage, nous avons beaucoup fait référence à Black Swann de Daren Arononfsky, parce que c’est un film qui est complètement dans la tête de son héroïne, dans son ressenti. Avant cela, en cours d’écriture, je pensais plus à des films aux sujets proches du mien, comme Ghost World, de Terry Zwigoff, que j’aime énormément.
Quels sont vos futurs projets ?
Je commence l’écriture d’un nouveau long-métrage. Difficile à ce stade d’en parler, parce que je suis encore vraiment en train d’en poser les bases... Mais ça me met en joie de retourner à l’écriture, de rêver à un nouveau projet !
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