Le 19 août 2018
Un petit film dont le charme vient du fait qu’il n’est pas militant et se fonde plus sur le parcours d’un beau personnage que sur une démonstration.
- Réalisateur : Mehdi Ben Attia
- Acteurs : Hafsia Herzi, Raouf Ben Amor, Haythem Achouf
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Tunisien
- Distributeur : Épicentre Films
- Editeur vidéo : Épicentre Films Éditions
- Durée : 1h45mn
- Box-office : 3.958 entrées dans 7 salles à Paris Périphérie (1ère semaine)
- Date de sortie : 28 février 2018
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– Sortie DVD : le 21 août 2018
Résumé : Tunis, aujourd’hui. Amel est une jeune photographe. Quand elle perd son mari, sa vie bascule. Encouragée par son beau-père, elle reprend goût à la vie en photographiant des garçons de la rue. Sans craindre d’être scandaleuse, elle fait le choix de regarder les hommes comme les hommes regardent les femmes.
Notre avis : Amel, jeune photographe, pose sur des clichés en déguisements divers, comme si elle cherchait une identité qu’une vie stable, entre mari et belle-famille, limitait aux apparences. Qu’un événement dramatique survienne, la mort de son mari dans un accident traité en ellipse, et la voilà qui entame une « carrière » différente puisqu’elle se met en tête de photographier des hommes choisis dans la rue. On se doute que, en Tunisie, l’idée est au moins controversée, pourtant c’est moins le conflit entre tradition et modernisme (même s’il est présent) qui intéresse le cinéaste que l’itinéraire d’une femme essayant, sur le conseil initial de son beau-père, de suivre un chemin différent et tâtonnant.
- Copyright 4 A 4 Productions - Cinétéléfilms - Amel Guellaty
De là des répétitions, comme les diverses tentatives de faire poser des hommes, souvent avortées. C’est que le monde n’est pas simple et que l’idée, dont elle doit éprouver la validité, se heurte à la pudeur et à la violence. Mais Amel découvre aussi dans son itinéraire l’au-delà des apparences, ce que dissimulent la virilité arrogante ou le caractère patelin de son beau-père. Loin des clichés, la Tunisie que Mehdi Ben Attia présente est un pays contrasté et ambigu, ce que reflètent l’utilisation des deux langues et les extérieurs, entre mosquée et bar à l’occidental. Pour cela, il adopte un rythme indolent, à l’image de la quête d’Amel, lente et hésitante. D’une certaine manière, cette quête nous reste inconnue et on ne sait s’il faut parler d’échec ou de réussite, la belle déambulation finale ne tranchant pas.
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Au fond, comme dans tout récit d’apprentissage, l’essentiel n’est pas le point d’arrivée mais le trajet, ce qui nourrit la personne, bonnes ou mauvaises rencontres, avancées et reculs. Peut-être Amel a-t-elle compris dans cette progression sinueuse, ce qu’elle voulait vraiment. Il importe alors peu que l’exposition ne soit pas un succès, elle n’est qu’une étape à partir de laquelle elle prend – au sens propre – un autre chemin.
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Selon sa sensibilité, chacun trouvera dans L’amour des hommes des pistes propres ; réflexion sur le désir, sur l’érotisme, sur la société tunisienne, sur le travail du deuil et ses rapports avec l’art… Mais chacune de ses interprétations se heurte au fait que le film ne se déploie pas de manière univoque. Le seul pivot, c’est le personnage principal, qui est de presque tous les plans et cherche sa voie de façon entêtée. À vrai dire, l’actrice montre de temps en temps ses limites, en partie à cause de dialogues un peu artificiels. Ce n’est pas le seul point faible d’un métrage dont certaines séquences souffrent d’un manque criant d’originalité (la danse de deux femmes, par exemple). Mais au bout du compte, malgré ces maladresses indéniables, L’amour des hommes est une tentative sensible dont l’opacité relative fait le prix.
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Les suppléments :
L’entretien avec le cinéaste et l’actrice principale (10mn) est assez conventionnel (genèse, intentions, interprétations), comme le making-of (14mn). Plus intéressantes, les scènes coupées (10mn) montrent des choix judicieux qui ont supprimé l’explicite inutile, ce que le cinéaste explique intelligemment. Il faut ajouter la galerie photos, des informations sur le réalisateur, plusieurs bandes-annonces et, avec le DVD, la carte postale-affiche d’un autre film du même distributeur, Kedi.
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L’image :
Rien à redire ; dans les limites du support, l’image est lisse, soyeuse et agréablement contrastée.
Le son :
Évidemment, pas de son explosif. On est dans le feutré et, même si quelques bribes de dialogues se perdent, les paroles sont en général limpides et la musique précise. La VO mélange arabe et français, avec sous-titres disponibles en français et en anglais. Pas de VF.
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