Le 16 juin 2020
A travers un récit savoureux et endiablé, l’auteur revisite les films de mafiosi, pour livrer un roman féministe, insolent et plein d’humour.


- Auteur : William Boyle
- Collection : Americana
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Simon Baril
- Titre original : A Friend Is a Gift You Give Yourself
- Date de sortie : 18 juin 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Rena, veuve d’un mafioso célèbre, commence une nouvelle vie sans le savoir lorsqu’elle se dresse contre son voisin Enzio, un peu trop insistant... Elle vole sa voiture, se réfugie chez sa fille qui ne veut pas d’elle, tente ainsi sa chance chez la voisine d’en face, Wolfstein, ancienne actrice porno et reine des arnaqueuses. Mais quand un membre de la mafia débarque dans la rue, le calme qui régnait ne devient plus qu’un souvenir.
Critique : Wolfstein est une ancienne actrice porno de la côte ouest qui a à son actif un certain nombre d’arnaques en tout genre. Rena est la veuve d’un mafieux notoire, Vic le Tendre, assassiné par Little Sal sur son perron. Quant à Lucia, fille d’Adrienne et petite-fille de Rena, elle se morfond dans la maison de sa mère qu’elle méprise et déteste, en bonne adolescente rebelle qu’elle est. Un cendrier brisé, une Impala rutilante volée, un ancien amant, et voici l’histoire qui décolle… La rencontre entre ces trois-là pourrait bien faire des étincelles.
William Boyle parvient avec une étonnante maîtrise à dépeindre la naissance d’une intimité entre trois femmes, entre trois vécus, trois sensibilités, trois personnalités fortes. À aucun moment le lecteur ne soupçonne que c’est un homme qui se cache derrière ce thriller endiablé et féministe. Certes, il y a bien les références à Scorsese et à Guns N’ Roses, le sang et les courses-poursuites, mais Thelma et Louise, Marilyn, la finesse de l’humour, l’acuité avec laquelle il décrit les sentiments de ses trois héroïnes, feraient jurer qu’une femme se dissimule derrière L’amitié est un cadeau à se faire. Ce roman choral se dévore : les phrases sont courtes, le style est très visuel, la bande-son créée par William Boyle, ancien disquaire, rythme la lecture – qui n’avait pas besoin de ce coup de pouce. Le staccato des mots grésille sur le macadam, comme une pluie qui s’abattrait sans répit sur la route, avant de se calmer et de devenir semblable à une douce bruine. Hymne à la féminité, à l’amitié et à la liberté féminine, spectaculaire doigt d’honneur au patriarcat et au machisme, ce roman est insolent à souhait. L’auteur se joue des codes des films de gangsters pour réinventer le genre et donner une place centrale aux représentantes du deuxième sexe, à leurs démons et à leur intelligence, à leur ruse et à leur soif d’indépendance. Rien ne détonne, tout est à sa juste place. Drôle ou tragique, triste ou joyeux, ce livre est un ascenseur émotionnel qui jamais ne déçoit, emporte dans une épopée où hémoglobine il y a, mais où grand-mères et ours en peluches côtoient aussi marteaux et revolvers…
William Boyle - L’amitié est un cadeau à se faire
Gallmeister
384 pages