Le 22 octobre 2019
Pour surmonter les problèmes que traverse leur couple, Elin et Tobias partent camper au cœur de la forêt suédoise. Mais des fantômes de leur passé resurgissent et, plus que jamais, les mettent à l’épreuve.
- Réalisateur : Johannes Nyholm
- Acteurs : Ylva Gallon, Leif Edlund
- Distributeur : Stray Dogs Distribution
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 13 novembre 2019
- Plus d'informations : Site du distributeur
- Festival : Festival de Sundance 2019, L’Etrange Festival 2019
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- Crédits Stray Dogs
Notre avis : Johannes Nyholm réalise un film onirique et troublant, inclassable comme un David Lynch, commençant comme La guerre est déclarée de Valérie Donzelli, s’apparentant à la structure narrative de Un jour sans fin de Harold Ramis et s’achevant sur une profonde incertitude, comme dans Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni. Le film conjugue plusieurs niveaux de lecture et de compréhension. A première vue, il déboussole et prend le risque de perdre son public, puis, dès lors que le spectateur accepte cette désorientation et ce changement de « genres », quelques repères littéraires et artistiques nous font croire en une prédictibilité de la répétition du rêve. A force de fausses répétitions, on comprend qu’il n’y aura pas de leçons possibles, juste des prises de conscience, des réminiscences, des progrès dans la compréhension de l’origine du mal et de la violence. Le spectateur trouve la clé de compréhension qui lui manquait, juste à la fin du film.
Pesant et angoissant, le climat général de cette histoire d’un couple fracassé par la mort de leur petite fille, pétrifie le spectateur. Les personnages de cette tragédie humaine sont paralysés et bloqués dans leur incapacité à sortir du fond de leur caverne, des profondeurs de leur for intérieur symbolisé par la tente, la voiture, l’hélicoptère... Rien ne peut plus être jamais comme avant, mais tout se reproduit inexorablement avec la même fatalité. Cette tragédie dépasse la conscience que les personnages ont de leur capacité d’action et de leur pouvoir de changer leur destin. Le spectateur est témoin de l’impact que cette mort d’enfant a sur le couple traumatisé. Le traitement de ce traumatisme par le cinéaste provoque un état de sidération, qui introduit l’engrenage sur lequel est bâtie la structure narrative du film. Cette répétitivité des scènes témoigne du caractère indépassable de ce trauma... Que faut-il pour dépasser ce cercle vicieux de la fatalité d’une séparation inévitable ?
- Crédits Stray Dogs
La référence à la caverne platonicienne s’impose. Elle est justifiée par cette séquence d’un théâtre des ombres, qui se révèle au personnage d’Elin en tant qu’explication symbolique de ce qui se trame depuis la mort de l’enfant. Cette allusion à La République de Platon agit comme un renversement de situations, puisque c’est des ombres et non du soleil des idées que la révélation paraît devoir venir. Prisonnière de ses chaînes, Elin sort éblouie par son pouvoir de reprendre pied. Là encore, la croyance en son pouvoir d’agir laisse place au constat d’une illusion mensongère et passagère. Comment surmonter cet accablement d’une fatalité irrémédiable ?
- Crédits Stray Dogs
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