Le 18 janvier 2021
Un vétéran de la Seconde Guerre mondiale se rend sur l’île de Key Largo, en Floride, pour remettre une médaille au père d’un soldat disparu. John Huston, toujours hanté par la fatalité et l’échec, se fourvoie un peu dans cette adaptation trop théâtrale. C’est aussi le film de la dernière rencontre cinématographique Bogart/Bacall.


- Réalisateur : John Huston
- Acteurs : Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Edward G. Robinson, Claire Trevor, Lionel Barrymore, Thomas Gomez, Marc Lawrence, Monte Blue
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h41mn
- Reprise: 28 juillet 2004
- Date de sortie : 16 juillet 1948

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Résumé : Le bus qui traverse l’île de Key Largo en Floride est emprunté par Frank McCloud (Humphrey Bogart), vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Le bus est arrêté par des policiers qui recherchent deux Indiens évadés. Plus loin, Mc Cloud descend à l’arrêt qui dessert l’hôtel des Temple, que gèrent James (Lionel Barrymore) et sa belle-fille Nora (Lauren Bacall). Dès son entrée dans l’établissement, il est accueilli par des clients désœuvrés et rébarbatifs qui encadrent Gaye (Claire Trevor), une femme visiblement alcoolisée. Cette dernière suit les courses hippiques à la radio.
Critique : Pour sa quatrième collaboration avec Humphrey Bogart, John Huston se rate un peu avec cette adaptation théâtrale trop voyante, qui bénéficie de la collaboration de Richard Brooks, à la veille de devenir cinéaste lui-même.
L’unité de lieu (l’hôtel) et l’unité de temps (une nuit de tempête) emprisonnent le récit dans une atmosphère statique et souvent trop prolixe.
Si l’intrigue en vaut une autre, les bavardages successifs, parfois un peu pompeux, finissent par créer un doute sur la réelle probité du personnage principal, pourtant présenté dès le début comme un héros de la Seconde Guerre mondiale. Du coup, on s’interroge aussi sur les réels sentiments que développe Nora à son égard
Les seconds rôles s’en tirent finalement mieux. Claire Trevor est exceptionnelle dans le rôle ingrat d’une chanteuse déchue, prête à toutes les bassesses pour un verre de whisky. Quant à Edward G. Robinson, il joue un personnage roué, menteur, tricheur et lâche par dessus le marché.
On reconnait une fibre réaliste, souvent présente dans les œuvres de John Huston, quand Bogart et Bacall aident une vieille Indienne, qui prétend avoir largement dépassé les cent ans, à descendre d’une barque et à allumer une cigarette qu’elle leur a réclamée.
Comme à son habitude, le cinéaste décrit un groupe d’hommes motivé par un seul but, qui va invariablement rater.
C’est aussi le dernier des quatre films réunissant le couple Bogart/Bacall après Le port de l’angoisse ("To Have or Have Not" 1944), Le grand sommeil ("The Big Sleep" 1946), tous deux de Howard Hawks ; et Les passagers de la nuit ("Dark Passage" 1947) de Delmer Daves.