Keeper - la critique du film

(C) Happiness Distribution

Notre avis : Guillaume Senez prend plaisir à filmer l’adolescence dans toute sa beauté et sa complexité. Il s’y est déjà essayé avec son court-métrage Dans nos veines. Ici, délaissant le point de vue féminin, il s’attache à nous dérouler cette romance touchante à travers le regard de Maxime, incarné par le jeune Kacey Mottet-Klein que l’on a pu découvrir tout d’abord dans Home d’Ursula Meier en 2008, puis un peu plus tard dans Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar, et qui sera à l’affiche le même mois du dernier Téchiné, Quand on a 17 ans.
Maxime a deux amours : Mélanie et le foot. L’insouciance de son âge lui permet de croire que rien n’est impossible, qu’il s’agisse d’élever un enfant quand on 15 ans ou de devenir footballeur professionnel quand on a été remarqué par un entraîneur. Entre hésitations, colères et tendresse, on est fascinés de le voir se débattre dans un monde trop grand pour lui. D’un simple regard, il parvient à nous transmettre tous les bouleversements qui le traversent et qui, du coup, nous émeuvent. On suit avec délice sa silhouette dégingandée d’adulte en devenir dans toutes les étapes auxquelles il se trouve confronté. Face à lui, Mélanie au visage de poupon exprime une candeur jamais feinte. La spontanéité de ce couple craquant est la raison majeure de la réussite de ce film. Mais pas uniquement, car les rôles secondaires sont eux aussi parfaitement choisis et donnent un bel équilibre à cette histoire juvénile, avec l’intervention de la mère de chacun des ados. Celle de Maxime est douce et protectrice. Elle apporte un soutien sans faille à ce jeune couple souvent désemparé. La mère de Mélanie, qui a élevé seule sa fille, refuse de la voir faire le choix d’une maternité précoce. Toutes les deux sont sincères et attachantes dans leur détermination. Nul doute que nombre de mères de famille prendront parti pour l’une ou pour l’autre.
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Guillaume Senez affirme n’avoir surtout pas voulu faire un film militant. Il souhaite simplement faire partager une émotion en présentant les choses telles qu’elles sont sans jamais prendre parti. On peut dire qu’il a parfaitement réussi son pari. De ce fait, on est tout proche du documentaire mais le choix du Scope est là pour nous rappeler qu’il s’agit bien d’une fiction. Pour donner encore plus d’authenticité aux dialogues, Senez a une technique toute particulière. Il ne donne jamais le scénario à lire à ses comédiens, il leur souffle les phrases avant chaque prise. C’est à coup sûr ce qui donne cette justesse de ton et cette belle complicité entre tous les comédiens. Un film subtil, illuminé par des comédiens au talent prometteur, qui fait la part belle aux paradoxes de cette époque particulière de la vie que l’on nomme adolescence.

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