Krismopompas !
Le 29 janvier 2015
Le dernier film de Rainer W. Fassbinder en tant qu’acteur, mort peu de temps après la sortie de ce film d’anticipation absurde, kitsch, mais fascinant, dont la réussite doit beaucoup à la musique d’Edgar Froese.
- Réalisateur : Wolf Gremm
- Acteurs : Franco Nero, Rainer Werner Fassbinder, Brigitte Mira, Günther Kaufmann
- Genre : Science-fiction
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Le dernier film de Rainer W. Fassbinder en tant qu’acteur, mort peu de temps après la sortie de ce film d’anticipation absurde, kitsch, mais fascinant, dont la réussite doit beaucoup à la musique d’Edgar Froese.
L’argument : Allemagne Fédérale, 1989. Dans ce pays devenu le plus riche du monde, un grand consortium de presse et télévision règne en maître, et impose avec 48 chaînes de divertissement un modèle de société de loisirs. Le jour où survient une alerte à la bombe, le lieutenant Jansen, bourru et alcoolique, se lance avec zèle dans l’enquête.
Notre avis : 1989, dans une "parfaite" où la pollution, le chômage et l’inflation ont été éradiqués, où les médias sont dirigés par un seul et unique consortium, le lieutenant Jansen enquête sur une menace d’attentat à la bombe... Les habitués de science-fiction ne seront pas dupes, cette société dystopique où "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" n’en est que plus terrifiante. Sorte de réponse par l’absurde au Blade Runner de Ridley Scott, Kamikaze 1989 séduit plus par son univers, assez proche de celui d’Alphaville et de Brazil dans l’esprit, que par son intrigue, finalement très anecdotique, plombée par une narration décousue et un rythme inégal. On devine très vite que l’enquête intéresse peu le réalisateur, qui semble sauter des passages importants et enchaîne les situations ridicules, où notre personnage principal s’entraîne au badminton dans la Disco-Police, boîte de nuit officielle des forces de l’ordre, se fait attaquer par des terroristes-acrobates en bas résilles, et exécute sans sommation des punks hargneux. Entouré de personnages improbables aux accoutrements grotesques, dont un Franco Nero de passage affublé d’une barbichette et d’un œil de verre, et vêtu d’un horrible costume en simili-léopard, symbole de son anticonformisme et de son caractère ambigu, Fassbinder, dans une ultime apparition avant sa mort par overdose, déambule dans une Allemagne kitsch, entre les néons, les punks, la musique d’Edgar Froese et les complots politiques, dans une société où l’alcool et la culture des légumes (?) sont interdits, où la télévision, omniprésente, passe en boucle des concours de rire et des bulletins météo qui annoncent à tous les coups un soleil radieux... A la fois humain, je m’en foutiste, consciencieux, moralisateur et auto-destructeur, Fassbinder vampirise le film, même si la fatigue, en partie due à un travail sans relâche sur le montage de Querelle, se fait sentir sur son visage. Les scènes où celui-ci ère dans son appartement miteux en compagnie d’une bouteille d’alcool n’en sont que plus poignantes. Kamizake 1989 constitue donc une curiosité plus qu’une véritable réussite dans le domaine de la science-fiction (allemande). Si l’âge n’a pas été tendre avec ce film, à la fois œuvre d’anticipation et témoin d’un changement de culture à l’orée des années 1980, il mérite tout de même le coup d’œil, ne serait-ce que pour Fassbinder, donc, ainsi que la musique électronique d’Edgar Froese, membre-fondateur de Tangerine Dream qui nous a quittés depuis peu, et dont certains morceaux, notamment le superbe, mais trop court, The 31st Floor, élèvent le film jusqu’à faire planer le spectateur. Krismopompas !
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