Le 21 mars 2020
D’un récit de campus traditionnel, et révélateur des clichés du teen movie, le cinéaste dérive vite vers le délire explosif, usant volontairement d’effets dépassés et de couleurs fluo criardes pour dépeindre un univers parallèle à celui de la bienséance.
- Réalisateur : Gregg Araki
- Acteurs : Roxane Mesquida, Haley Bennett, James Duval, Juno Temple, Thomas Dekker, Kelly Lynch, Chris Zylka
- Genre : Comédie, Fantastique, Érotique, LGBTQIA+, Teen movie
- Nationalité : Américain, Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h26mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 6 octobre 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010, Festival de Deauville 2010
Résumé : Smith mène une vie tranquille sur le campus - il traîne avec sa meilleure amie, l’insolente Stella, couche avec la belle London, tout en désirant Thor, son sublime colocataire, un surfeur un peu simplet - jusqu’à une nuit terrifiante où tout va basculer. Sous l’effet de space cookies ingérés à une fête, Smith est persuadé d’avoir assisté à l’horrible meurtre de la Fille Rousse énigmatique qui hante ses rêves. En cherchant la vérité, il s’enfonce dans un mystère de plus en plus profond qui changera non seulement sa vie à jamais, mais aussi le sort de l’humanité.
Critique : Kaboom marque le retour du réalisateur à « un film de Gregg Araki à l’ancienne », après la réussite et le succès d’une œuvre plus consensuelle comme Mysterious Skin. D’un récit de campus traditionnel, et révélateur des clichés du teen movie (colocataire abruti, confidente taciturne, fantasmes de sexe et de drogues...), le cinéaste dérive vite vers le délire explosif, usant volontairement d’effets dépassés et de couleurs fluo criardes pour dépeindre un univers parallèle à celui de la bienséance... On retrouve ici toute une faune familière aux fans d’Araki, des minets défoncés aux lesbiennes romantiques, en passant par des extraterrestres de caoutchouc, sans oublier les monstres trouble-fête, à l’instar de ces aliens reproducteurs s’introduisant ici chez leurs victimes par divers orifices...
- Copyright Marianne Williams © Why Not Productions
On appréciera par ailleurs un hommage réjouissant à Lynch (celui de Twin Peaks plus que l’auteur de Mulholland Drive), sans que jamais la référence n’écrase (trop) le réalisateur. Bien au contraire, elle revivifie l’univers d’un artiste que l’on aurait pu croire sclérosé par son attachement à un univers adolescent. Car là où Larry Clark ou Gus Van Sant (auteurs culte au demeurant) restent dans un premier degré cohérent, l’ami Gregg se la joue visionnaire et décalé, assumant son plaisir de filmer la beauté de corps enlacés, mais se permettant des digressions oniriques faussement poétiques, des rebondissements volontairement énormes et un dénouement nihiliste aux frontières du sublime et du grotesque.
- Copyright Marianne Williams © Why Not Productions
Les jeunes acteurs se meuvent avec bonheur dans ce trip excessif et fidèle à lui-même : Thomas Dekker en beau gosse déboussolé, recherchant son identité sexuelle et son passé familial, sans avoir le charisme d’un Joseph Gordon Levitt, aurait pu devenir une nouvelle icône du cinéma indépendant ; et la pulpeuse Juno Temple compose avec saveur une jeune femme fatale digne descendante de Baby Doll et Lolita. Présenté en Séance de minuit au Festival de Cannes 2010, Kaboom avait justement remporté la Queer Palm, décernée pour la première année au film le plus gay friendly du Festival.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Frédéric de Vençay 14 octobre 2010
Kaboom - Gregg Araki - critique
Je n’ai vu aucun Araki jusqu’ici, donc je ne sais pas si "Kaboom" est une redite. N’empêche, son petit dernier résume 10-20 ans de cinéma, de télé, d’angoisses existentielles, de théories du complot et d’expérience(s) de jeunesse en un film d’1h25 qui fait boom. Orgasmique et indispensable.
roger w 14 octobre 2010
Kaboom - Gregg Araki - critique
Et un Araki de plus. Comme toujours formellement brillant, comme toujours foncièrement kitsch et drôle, comme toujours foutraque et bordélique. Mais également comme toujours un peu superficiel et vain, notamment dans une dernière partie qui tente d’organiser un minimum le bordel ambiant en une intrigue totalement artificielle. On ne croit pas une seconde à son complot d’une secte millénariste. Kaboom a également le défaut de ressembler comme deux gouttes d’eau à ses précédents films et n’apporte donc rien à sa filmographie. Cela dit, cela reste toujours pêchu et très agréable à regarder.
Pierre Ajack-Dugant 25 octobre 2010
Kaboom - Gregg Araki - critique
Tout à la fois sitcom parodique, teenager ultra-kitsch et thriller lynchien, le film d’Araki est une plongée en apnée dans les peurs et les fantasmes de l’adolescence. On a rarement vu un cinéaste mêler aussi adroitement les genres et brouiller si habilement les frontières du réel et du fantas(ma)tique. Kaboom est une véritable réussite, qui réconcilie à la fois l’exigence d’un cinéma expérimental subversif et l’ambition des films cultes, en empruntant des détours (trop) bien connus - ou qu’on croyait tels. Un film grandiose.