Réalité virtuelle
Le 5 avril 2021
Plutôt que renouveler la fraîcheur du film culte dont il se prétend à la fois la suite et le remake, cette aventure n’a pas grand chose à proposer, hormis un véhicule à la gloire de Dwayne Johnson.
- Réalisateur : Jake Kasdan
- Acteurs : Jack Black, Dwayne Johnson, Kevin Hart, Nick Jonas, Bobby Cannavale, Karen Gillan, Alex Wolff, Rhys Darbi
- Genre : Comédie, Fantastique, Action, Teen movie
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h58mn
- Date télé : 10 mars 2024 21:05
- Chaîne : TFX
- Titre original : Jumanji: Welcome to the Jungle
- Date de sortie : 20 décembre 2017
Résumé : Quatre lycéens en retenue doivent nettoyer le sous-sol de leur école. Ils y trouvent une vieille console avec le jeu vidéo Jumanji. En allumant la console, ils choisissent chacun un avatar et se retrouvent transportés dans la jungle. Durant leurs aventures les lycéens vont découvrir la demeure d’Alan Parrish (le garçon du premier film) où celui-ci a été piégé pendant vingt-six ans. Ils vont accéder à ce qu’il a ressenti et aux indices qu’il a laissés. Ils devront changer leurs visions d’eux-mêmes et de la vie, gagner le jeu pour éviter de rester bloqués à jamais.
Critique : Parmi les films qui ont marqué les jeunes nés à la fin des années 80, Jumanji reste un totem fédérateur en plus d’un chapitre à part entière dans la révolution numérique grâce à des effets spéciaux novateurs pour l’époque. Sa popularité n’ayant de comparable que le coup de vieux qu’ont subi ses incrustations digitales, il n’est pas étonnant que les studios hollywoodiens, dont l’incapacité à trouver des idées neuves est devenue légendaire, choisissent d’en faire un remake. Toutefois, les CGI produits par ILM, la firme de George Lucas, ne sont pas la seule raison à ce succès : la présence de Robin Williams, qui atteignait alors le sommet de sa notoriété, y était également pour beaucoup. La première décision des producteurs, qui fut de le remplacer par l’un des rares acteurs qui soit aujourd’hui aussi bankable que le fut à l’époque l’interprète d’Alan Parrish, en dit long sur l’évolution qu’a connue le cinéma en une vingtaine d’années, puisqu’il s’agit de Dwayne Johnson, icône de l’action movie sous sa forme la plus décérébrée.
La seule présence de la star, vue cette année dans Fast & Furious 8 et Baywatch, semble justifier à elle seule le concept sur lequel repose cette relecture : celui de remplacer le jeu de plateau par un jeu vidéo et rendre ainsi crédible le physique de héros viril de son personnage principal. Cette modernisation est tout à la fois la bonne idée et la principale limite de cette nouvelle aventure. Bonne idée, parce qu’elle permet d’utiliser et de détourner des codes qui parleront au jeune public auquel s’adresse le film. Principale imite, parce qu’aucun scénario fondé sur un jeu vidéo n’a jamais su créer une dramaturgie passionnante, et ce n’est certainement pas Jumanji : Bienvenue dans la jungle qui va s’imposer comme modèle dans le domaine de la création d’enjeux et d’intensité émotionnelle, à partir d’une construction vidéo-ludique !
- Copyright Sony Pictures Releasing France
La différence centrale qu’implique la mutation du jeu de dés en cartouche électronique, dans les premières minutes du film, vient du fait que l’argument fantastique n’est plus l’immersion des éléments du jeu dans la réalité mais, à l’inverse, celle de joueurs dans un univers virtuel. Ce qui était la base de tous les éléments comiques et de l’aventure du premier opus se retrouve ainsi remplacé par la mise en porte-à-faux entre des lycéens standard et leur alter ego. Le passif du réalisateur Jake Kasdan en tant que disciple de Judd Appatow et celui des scénaristes (qui avaient récemment collaboré à l’occasion de Spider-Man : Homecoming) laissaient présager que leur travail allait s’orienter vers une satire douce-amère de la jeunesse actuelle.
Sans surprise, le quatuor formé par Alex Wolff, Madison Iseman, Ser’Darius Blain et Morgan Turner compose bel et bien une peinture, certes très caricaturale, mais tout à fait significative de la génération à laquelle s’adresse le long métrage. Ces archétypes de leur époque ne seront toutefois présents à l’écran qu’une vingtaine de minutes, sur les deux heures de film ; le gros du temps étant accordé à leurs avatars virtuels, qui représentent eux aussi de pures caricatures, propres au cinéma d’aventure et à ses déclinaisons vidéo-ludiques. Ce décalage entre stéréotypes modernes et surannés devrait permettre de parler à un public plus élargi que les seuls spectateurs de l’âge des héros puisque l’humour naît justement du caractère ouvertement grotesque des clichés avec lesquels joue ce scénario.
- Copyright Sony Pictures Releasing France
L’opposition entre les caricatures que sont les lycéens et celles que sont leurs alter egos a beau manquer de finesse, elle permet quelques situations comiques, ainsi qu’une morale bien-pensante. C’est essentiellement l’interprétation de Jack Black, dans le rôle d’une bimbo, qui est à l’origine des passages les plus cocasses du film. A l’inverse, on aurait espéré de Kevin Hart une prestation plus drôle. Sans doute n’était-il pas le choix le plus judicieux pour incarner un side kick chétif, sa silhouette étant par nature assez baraquée (moins bien sûr que Dwayne Johnson, à coté de qui le réalisateur est contraint de le filmer, chaque fois qu’il veut rappeler son soi-disant physique de freluquet), mais il permet au moins de rappeler le caractère dérisoire du cliché faisant de l’Afro-américain de la bande un inévitable faire-valoir.
Le physique plus avantageux que Dwayne Johnson, Karen Gillan, mais aussi Nick Jonas, prêtent respectivement à leurs personnages qui sont chacun, dans le monde réel, des adolescents mal dans leur peau, permet de mettre au point un discours consensuel sur le fait qu’il ne faille pas se fier aux apparences pour juger autrui. Une leçon de bonne conduite, quelque peu lourdaude dans l’arc romantique qui lie les deux nerds transformés pour l’occasion en surhommes, mais légèrement plus touchante dans la façon dont elle permet au personnage de Bethany –la fameuse bimbo, qui ne vit que par le filtre des réseaux sociaux– d’apprendre à passer au-delà de la superficialité qui la caractérise... et pourtant, ironie du sort, cette piste de rédemption n’est pas menée jusqu’à son terme.
- Copyright Sony Pictures Releasing France
L’aventure en elle-même est des plus basiques, victime encore une fois d’une construction narrative calquée sur un gameplay bateau et d’un temps trop important accordé à l’explication de ses règles, et ne propose aucun effet spécial qui ait vocation à révolutionner le genre. Définitivement, parce qu’il est bien moins drôle et surtout moins émouvant que l’original, ce Jumanji nouvelle version ne tient pas la distance face à l’inévitable comparaison à l’original. Il n’en reste pas moins un divertissement qui saura amuser un jeune public susceptible de se retrouver dans les archétypes que représentent les personnages principaux et/ou qui verront les nombreuses références vidéo-ludiques comme autant de private jokes.
Leurs parents, ou autres spectateur plus matures, pourront au moins jouer à confronter les deux long-métrages et se donner ainsi une idée de l’évolution subie par le cinéma de genre, pendant les vingt ans qui les séparent. En effet, son écriture, et en particulier la place chargée en autodérision qu’y prennent ses figures héroïques, en dit long sur le besoin désormais pathologique des spectateurs d’avoir des héros préétablis auxquels se rattacher. Le traitement humoristique avec lequel les scénaristes ont répondu à cette nécessité est également symptomatique de la façon dont le second degré est devenu le moteur de toute comédie d’aventure. Et même si cela empêche dorénavant au genre d’être porteur d’enjeux qui puissent être pris au sérieux.
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birulune 25 janvier 2018
Jumanji : Bienvenue dans la jungle - la critique du film
En effet on est pas dans un film comique avec des valeurs familiales classiques. Les personnages apprennent à se sortir de leur petit personnage qu’ils se sont créés dans la vraie vie ( le geek la nerd la bimbo et le capitaine de l’équipe de basket noir) et c’est un vrai mode d’emploi ! Comment faire la bimbo ou le bourrin, le " boss" même je dirais.
Les ressorts comiques sont au ras des pâquerettes mais on sourit de cette humour à connotation souvent sexuel
Les gamers critiquent le fait que le film soit un film et pas une gloire proclamée aux jeux vidéos ( les méchants sont mal construit mais ils ont des scènes et du texte même sans interagir avec les joueurs du jeu)
Les enfants vont aimer de se voir caricaturer aussi bien vive la génération snapchat instagram !
Les vieux encore jeunes comme moi bah bon bref c’est pas un film touchant sur le rapport crucial des enfants à l’image de l’adulte comme dans le premier opus ( Robin Williams en grand gosse de 40 ans est génial) mais tout l’inverse ! Ce sont des adultes, Dawyes Johnson et Cie, qui se comportent comme des enfants et ça c’est dans l’air du temps.
On peut rien y faire !
On fait pas du cinéma pour les enfants mais du cinéma enfantin.
C’est un huis clos fantastique mal amené et les enfants n’apprennent rien sinon qu’il faut savoir s’imposer dans la vie et c’est un bon message mais on est plus dans le teen movie alors ( le smack maladroit entre dwayes et la rousse sculpturale)
Bon petit film
A voir une fois