Le procès
Le 17 mars 2010
Le Lotus du Meilleur Film du douzième festival du cinéma asiatique de Deauville est une œuvre profondément sensible et pudique sur la justice et l’humanité.
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– Durée : 1h38mn
– Titre original : Tou Xi
Le Lotus du Meilleur Film du douzième festival du cinéma asiatique de Deauville est une œuvre profondément sensible et pudique sur la justice et l’humanité.
L’argument : 1997, nord de la Chine. Qiu Wu est condamné à mort pour avoir volé deux voitures. Une coïncidence fortuite a voulu que le juge qui a suivi le dossier ait perdu sa fille dans un tragique accident de voiture perpétré par un voleur de voiture. mais un changement récent dans les textes de loi peut permettre à Qiu Wu d’éviter la sentence...
Notre avis : Judge expose deux personnages que tout oppose, mais qui, malgré une existence bien singulière, se retrouvent réunis dans leur drame : un homme condamné à mort pour vol de véhicule et son juge, dont on découvre que la fille est décédée dans un accident de voiture provoqué par un voleur. Le condamné ne sait rien de la tragédie vécue par le représentant de justice ; il accepte son sort et se résigne à mourir. Son jugement en appel n’a servi qu’à retarder sa sentence. Jouet des lois chinoises, l’homme est transféré de cellule en cellule, en attendant l’instant fatidique, sans pouvoir intervenir ou se manifester autrement que par une grève de la faim.
Ce long-métrage aurait pu être un pamphlet contestataire dénonçant la cruauté de la peine de mort, un rejet de la politique judiciaire chinoise. Mais au-delà de cet aspect convenu, Liu Jie choisi de faire de Judge un réquisitoire pour l’humanité. Le juge éponyme manifeste sa volonté de faire condamner cet homme comme s’il le rendait coupable de la mort de sa propre fille : il effectue un transfert de personnalité pour soulager sa douleur. Cependant, le cinéaste ne fait pas de lui un être assoiffé de vengeance, juste un homme en quête de soulagement et de lumière. Des plans fixes reviennent régulièrement tout au long du film : dans la semi-obscurité d’une cuisine, le juge mange en silence avec sa femme, leur chien prostré à ses pieds. La photographie obscure de ces plans est à l’image de leurs cœurs dévastés. Ces scènes de repas sont à mettre en parallèle avec l’excitation des prisonniers lorsqu’ils entendent leurs geôliers apporter le dernier repas à un condamné. Alors qu’il s’agit d’un évènement tragique, une certaine joie se manifeste en eux ; vie et mort se confondent.
Les deux personnages principaux de Judge ne sont pas aussi duals qu’il n’y paraît : leurs personnalités se rejoignent via leurs souffrances respectives et leur capacité à accepter l’adversité. C’est dans cet esprit que la sentence de la justice prend un autre sens et que l’humanité prend le dessus. Si la mort de la fille du juge est irréversible, la tristesse peut, elle, petit à petit se transformer en force ; tout comme l’angoisse de la mort peut se transformer en courage. Liu Jie propose ainsi une œuvre sur les ressources émotives et caractérielles de l’individu lui permettant de transcender ses désastres : la justice n’est plus un système impénétrable mais fait désormais corps avec l’être.
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