Giallo e Nero
Le 4 février 2016
Un giallo sobre et archétypal transcendé par la remarquable photographie de Vittorio Storaro.


- Réalisateur : Luigi Bazzoni
- Acteurs : Agostina Belli, Franco Nero, Wolfgang Preiss
- Genre : Giallo
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Le Chat qui fume
- Durée : 1h29min
- Titre original : Giornata nera per l'ariete
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans

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– Sortie DVD : le 19 janvier 2015
Un giallo sobre et archétypal transcendé par la remarquable photographie de Vittorio Storaro.
L’argument : Témoins d’une violente agression, Walter et son amie Julia en parlent à Andrea Bild, journaliste spécialiste en affaires criminelles. Celui-ci décide de mener son enquête, malgré l’opposition de la police. Bientôt, c’est sur lui que se portent les soupçons d’une série de crimes dont il devra retrouver le meurtrier pour s’innocenter.
Le film : Moins connu que ses compères tels que Dario Argento, Lucio Fulci, Sergio Martino ou Umberto Lenzi, Luigi Bazzoni n’aura réalisé en tout et pour tout que six longs-métrages, dont Journée noire pour un bélier (déjà sorti en VHS en France sous le titre Jour maléfique), giallo dans la grande tradition du genre. Évitant la surenchère gore, Bazzoni préfère se concentrer sur la résolution d’une intrigue tortueuse, dont l’explication se trouve déjà dans la première séquence.
- © Le Chat qui Fume
Lorgnant plus du côté du thriller classique, Journée noire pour un bélier aligne assez tranquillement les éléments attendus du genre (vue subjective pour le tueur, main gantée, personnage principal faisant office de faux coupable et qui mène l’enquête, police inefficace...), et ce n’est clairement pas de ce côté qu’il faut chercher les qualités de ce film. On appréciera surtout la somptueuse photographie de Vittorio Storaro, qui avait déjà œuvré dans le giallo avec L’oiseau au plumage de cristal, et la maîtrise technique du réalisateur, qui parvient à nous tenir en haleine jusqu’au bout malgré une intrigue très classique, avec quelques touches de suspens et gouttes de sang par-ci par-là.
Cerné par des décors inquiétants, modernes et impersonnels, souvent filmés à travers des rideaux ou des volets, le film anticipe la froideur de certains films transalpins des années 1980 comme Ténèbres.
- © Le Chat qui Fume
Utilisant avec maestria le clair-obscur et les cadres déformés, notamment dans une incroyable séquence finale d’une rare brutalité, Bazzoni et Storaro imprègnent l’histoire d’une ambiance horrifique, sale, qui décrit un monde urbain désincarné, sans espoir, fait de tunnels, de bidonvilles, d’immeubles sans vie aux immenses baies vitrées et de terrains vagues, dans lequel évoluent des personnages troubles.
Le film est enfin soutenu par un casting secondaire et un personnage principal solides, Franco Nero en tête dans le rôle du journaliste légèrement alcoolique et revanchard, ainsi qu’une musique jazzy du maestro Morricone.
S’il ne fait pas partie des incontournables du giallo, Journée noire pour un bélier n’en reste pas moins un brillant exercice de style qui se suit sans ennui et qui laisse apparaître le talent évident d’un réalisateur trop peu connu et d’un directeur de la photographie qu’on ne présente plus.
LE TEST DVD
Une nouvelle rareté exhumée par Le chat qui fume, qui propose ici une édition DVD de qualité.
Les suppléments :
Outre le superbe packaging, on notera la présence d’un seul supplément vidéo, mais de qualité : une interview croisée avec Vittorio Storaro et son ami de longue date Franco Nero, pour une durée de 28 minutes, au cours de laquelle les deux amis de longue date évoquent leur collaboration avec Luigi Bazzoni.
L’image :
Jusqu’à présent inédit en DVD en France, l’édition du Chat se paye le luxe d’enterrer l’édition américaine de Blue Underground au niveau de la qualité d’image, à l’exception du générique du début. L’image, très précise et aux couleurs riches et variées, laisse penser qu’un tel film mériterait vraiment un traitement HD.
Le son :
Deux pistes mono italienne et française sont proposées. Si un léger souffle parcourt la version originale, celle-ci reste néanmoins agréable et claire, tandis que la version française, plus étouffée, accuse le poids des ans.