Le 5 juin 2020
Un jeune curé, tout juste sorti du séminaire, est affecté dans un petit village où malgré sa foi, il va être rejeté par les paroissiens. Le cinéma de Robert Bresson, exigeant et d’une certaine radicalité, sert admirablement le récit de Georges Bernanos.
- Réalisateur : Robert Bresson
- Acteurs : Antoine Balpêtré, Claude Laydu, Yvette Étievant, Nicole Maurey, Nicole Ladmiral
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Acacias, Alliance Générale de Distribution Cinématographique (AGDC)
- Durée : 1h57min
- Date de sortie : 7 février 1951
- Festival : Festival de Cannes 1951
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Résumé : Un jeune curé, tout juste sorti du séminaire, est nommé dans la petite commune d’Ambricourt. De santé fragile, il ne se nourrit que de sucre et de pain trempés dans du vin rouge de mauvaise qualité. On suit son sacerdoce à travers le journal qu’il tient. Ses relations avec les habitants du château du village vont finir par l’obséder.
Critique : Robert Bresson adapte, et fait sien, le célèbre roman de Georges Bernanos datant de 1936.
Bien que relatant la vie d’un modeste curé de campagne, le film ne parle pas réellement de religion en tant que telle, mais plutôt de la lutte entre le bien et le mal.
Le curé, persuadé de prêcher le bien, ne fait que se confronter à la méfiance, à l’hostilité et à la médisance :
Les enfants du catéchisme se moquent de lui, les paroissiens désertent l’église et restent en retrait devant ce prêtre trop jeune qui passe pour un alcoolique. Quant aux châtelains, après une approche plutôt favorable, ils le considèrent vite comme un original. Ce dernier sera la victime de leurs propres turpitudes : ainsi, l’un de ces seigneurs (Jean Riveyre) a un penchant pour la préceptrice de sa fille (Nicole Maurey). Sa femme, quant à elle, incarnée par Rachel Berendt, s’est emmurée dans le deuil de son fils mort prématurément. Enfin, la fille adolescente Chantal (Nicole Ladmiral) déteste tout son entourage et lui fera bien du mal.
Le seul soutien réel du religieux, mais finalement vain, est le curé âgé (Adrien Borel) du village voisin de Torcy. Celui-ci, tout autant bonhomme qu’autoritaire, représente à la fois un modèle professionnel, mais aussi à l’inverse, il est tout ce que le jeune prêtre ne veut pas devenir.
La mise en scène de Robert Bresson s’appuie sur une tonalité plus radicale que les mots de Bernanos : sèche et austère, fondée sur de courtes scènes, elle laisse paradoxalement l’impression que le temps est comme figé. La saison ne change pas, les arbres sont décharnés, il y a constamment de la boue. La voix off (celle du curé) qui cite des passages du journal, paraît raisonnable, tout en donnant une importance démesurée de l’action du religieux auprès de son entourage.
Finalement, le film retrace le parcours d’un faux martyr, qui pourtant dans l’indifférence presque totale des autres, ne connaîtra qu’une vie de malheurs, de solitude et de privations.
Refusant le pittoresque, Robert Bresson, avec sa mise en scène sans concession, plus encore qu’avec ses précédents films, créé une écriture cinématographique difficile mais passionnante.
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