Le 4 août 2024
Ce second volet du documentaire sur les Jeux olympiques de 1936 confirme la démarche cinématographique de Leni Riefenstahl, qui réalise une commande à la gloire du IIIe Reich, tout en innovant sur les plans technique et esthétique.
- Réalisateur : Leni Riefenstahl
- Genre : Documentaire, Noir et blanc, Film de sport
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Olympia 2. Teil - Fest der Schönheit
- Date de sortie : 24 août 1938
- Festival : Festival de Venise 1938
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Résumé : Seconde partie du documentaire « Olympia » sur les Jeux olympiques d’été de Berlin, en 1936.
Critique : Jeunesse olympique, également connu sous le titre Olympia, deuxième partie : La fête de la beauté, est le second volet du documentaire sur les Jeux olympiques de 1936, réalisé par Leni Riefenstahl, cinéaste officielle du IIIe Reich. Moins long que Les Dieux du stade, le premier segment, Jeunesse olympique en reprend la structure, c’est-à-dire un prologue métaphorique et esthétisant, le filmage d’une série de compétitions, et un final en forme d’apothéose. Alors que le début de la première partie faisait songer à l’ouverture de Citizen Kane, le présent prologue a des similitudes avec l’atmosphère de La nuit du chasseur, avec plan d’animal dans une forêt ; mais un cadre quasi bucolique, qui n’évoque pas le danger de la nature mais plutôt son côté « serein », que l’on peut relier à l’idée de pureté, plus générale, inhérente à l’idéologie nationale-socialiste. L’éclairage et les prises de vue sont admirables, mais comme dans Les Dieux du stade, un sentiment de malaise et d’agacement nous étreint, amplifié par la séquence suivante, lorsque des athlètes d’une blondeur tout aryenne se mettent en ligne et sautent, nus, dans l’eau, avant de se prélasser dans un sauna. Certes, concernant l’œuvre de Riefenstahl, le réalisateur et écrivain Jonas Mekas a écrit, et ses propos peuvent s’appliquer à ces dix premières minutes : « Si vous êtes un idéaliste, vous y verrez de l’idéalisme ; si vous êtes un classique, vous verrez (…) une ode au classicisme ; si vous êtes un nazi, vous y verrez du nazisme. » On pourrait même voir dans ce début une glorification de l’homoérotisme, qui n’est pas sans rappeler (de loin) la séquence orgiaque des Damnés de Visconti, et ne serait peut-être pas sans déplaire aux concepteurs de la superbe cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. Ce serait sous-estimer l’indéniable « culte du corps » au service d’une doxa terrifiante, auquel se livre Leni Riefenstahl, et ce quel que soit son degré de sincérité lorsqu’elle souligne, dans les différents entretiens qu’elle a accordés, son absence totale d’empathie pour le régime de Hitler.
Après un passage sur l’entraînement de joueurs, la majorité des séquences qui suivent sont consacrées aux compétitions sportives. Alors que Les Dieux du stade abordait surtout l’athlétisme, Jeunesse olympique brasse une palette plus large de sports, qu’ils soient individuels (voile, escrime, boxe, équitation, natation…) ou collectifs (polo, aviron, foot…). Sur le plan technique, Riefenstahl est une vraie innovatrice, trouvant des angles inédits, expérimentant des caméras qui catapultent pour les épreuves de saut, installant des rails de travelling sur les pistes, ou utilisant les fondus enchaînés sur fond de musique lyrique du compositeur Herbert Windt, masquant parfois les commentaires des speakers officiels. Au détour d’une séquence, le malaise surgit à nouveau, par exemple quand le futur médaillé d’or de l’épreuve de tir revêt l’uniforme d’un soldat allemand ne ratant pas une cible en carton d’apparence humaine… Le film culmine sur la fin, avec des plongeons filmés comme des vols en apesanteur, avant les lumières du soir et le son des cloches. Visuellement impressionnant mais idéologiquement (plus que) douteux, Olympia a nécessité un montage colossal et a fait l’objet de plusieurs versions. Il est aujourd’hui considéré comme un documentaire majeur à replacer dans son contexte historique et politique. Les droits du film ont été acquis en 2003 par le Comité international olympique.
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