Critique : Les Gnossiennes et les Gymnopédies font partie, notamment dans l’imaginaire parisien, des œuvres musicales françaises de référence. Mais s’intéresse-t-on réellement à Erik Satie ? Ce Normand, Parisien d’adoption, a inspiré Laetitia Gonzalbes qui, en réunissant deux acteurs de talent, a su par l’humour et le fantasque, attiser la curiosité du spectateur.
Le cadre du Théâtre de la Contrescarpe est idéal pour ce type de pièce. Deux acteurs, Elliott Jenicot et Anaïs Yazit, un décor minimaliste, seul leur jeu pour convaincre.
Et nous sommes convaincus. Parfois adversaires, parfois compagnons, les deux protagonistes régalent le spectateur à coups de répliques grinçantes, de bons mots, ou de scènes de danse fort réussies.
Le spectacle n’a pas pour objectif de présenter la vie d’Erik Satie de manière fidèle. Il invite le spectateur à se plonger, généreusement, dans sa fantaisie et son univers. Accompagné d’une jeune infirmière taquine, le compositeur, campé brillamment, est profondément attachant. Son ironie, sa drôlerie, sa folie même parfois, lorsque la musique l’emporte, font mouche.
En somme, le pari de présenter un portrait original du compositeur est réussi. Immédiatement la curiosité se réveille, on se renseigne sur Satie, on réécoute ses morceaux, étonnés de voir que sa musique n’était pas aussi fantasque !
Finalement, cette pièce a le mérite d’aborder un véritable mystère : qu’est-ce qu’un artiste ? Comment travaille-t-il, comment pense-t-il ? Et après un aussi bon moment, l’on pourrait se laisser piéger à croire que c’est la vie idéale...

Copyright Fabienne Rappeneau/Théâtre de la Contrescarpe