Notre avis : L’ex-présentatrice du Soir 3 a profité du congé qu’elle a pris pour suivre son mari au Japon et entreprendre la narration d’une histoire : celle de son adoption. Pensionnaire d’un orphelinat de New Delhi, Patricia Loison a été recueillie par un couple de Français, qui a aussi un autre enfant adoptif, né au Liban. Avec précision, elle raconte la manière dont elle a, pendant longtemps, refoulé son histoire, n’éprouvant jamais le désir de retourner en Inde. Et puis, il y a quelques années, au cours d’un reportage sur le déplacement du président Sarkozy dans ce pays, un passé de plus de trente ans sur lequel elle a fermé les yeux, remonte à la surface. Profitant de quelques heures de disponibilité, Patricia Loison se rend à l’orphelinat où elle vécu les premiers mois de sa vie, rencontre des soeurs qui lui expliquent que les archives qui la concernent n’existent plus. Mais elle prolonge ses investigations, discute avec une vieille religieuse à Calcutta, qui lui fournit d’autres renseignements, recompose patiemment un puzzle, auquel il manquera toutefois des pièces définitives : en premier lieu, la mère biologique, jamais retrouvée, qui pourtant, ressurgit dans une scène à la fois impressionnante et mystique. Au moment de la naissance de sa première fille, la journaliste entend soudain la voix de cette génitrice inconnue, qui l’avertit du danger qu’elle court : sa mère adoptive veut s’emparer de son bébé, il faut l’en empêcher. La jeune maman est sur le point d’agir, de s’en prendre physiquement à cette menace, mais elle renonce. Son mari, qui a senti le basculement, fait sortir tout le monde de la pièce.
Profondément croyante, Patricia Loison interprète cet avertissement comme un signe et reprend ses recherches, suppose que sa mère biologique est restée dans l’orphelinat les premiers temps, l’a même allaitée et lui a donné un prénom. Elle n’a donc pas été un bébé simplement déposé. A partir de cette situation, elle conjecture le profil d’une famille noble, se persuade qu’elle fait partie de la caste des dominants. Son dossier d’adoption l’accompagne sans cesse, qui lui a été confié par sa mère.
Ce fragment autobiographique se lit comme une enquête passionnante, émaillée de documents précis, servie par une écriture ciselée.