Littérature
Le 2 mai 2002
Huit nouvelles, graves, ironiques, cruelles, décalées...
- Auteur : Emmanuel Dongala
- Editeur : Le serpent à plumes
- Genre : Nouvelles
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Emmanuel Dongala s’inscrit, depuis son exil new-yorkais, dans le renouveau d’une littérature africaine en pleine mutation. Très loin des préoccupations de leurs aînés, les auteurs d’aujourd’hui trouvent leur inspiration dans un monde bouleversé, déchiré, dont ils se veulent la voix. Comment doit se situer l’écrivain africain dans une société où la survie devient un défi quotidien ?
Huit nouvelles, graves, ironiques, cruelles, décalées, huit nouvelles comme autant d’instantanés, de morceaux de vie, de souffrance, de résignation.
Témoin d’une Afrique prise en otage entre animisme et marxisme, entre idéologie et survie, Dongala s’intéresse au lot commun des gens de la rue, fait d’humiliation et de mépris, entre les mains de petits despotes, détenteurs de poussières de pouvoir. Une journée dans la vie d’Augustine Amaya est sans doute la nouvelle la plus bouleversante, la plus désespérée, la plus implacable dans son regard sur une Afrique malade de ses tyrans.
Au lendemain de la révolution, le Congo, devenu marxiste tente de faire l’éducation politique du peuple. C’est cette idéologie mal digérée, du "récité comme le catéchisme" que dénonce Dongala dans d’autres nouvelles à l’humour grinçant. "Le camarade n’est jamais très loin du féticheur", confie-t-il dans une interview ; Le procès du Père Likibi s’inscrit exactement dans cette logique : comment réaliser un sacrifice humain, avec la caution très officielle d’un tribunal révolutionnaire ! L’accusé sera "reconnu coupable de s’être transformé en serpent, en vent, en fruit pourri et peut être même en caméléon au vu et au su de tout le monde, violant ainsi les lois antifétichistes du pays."
Dongala évoque cette valse des idéologies, le fatalisme des gens du peuple face aux revirements de l’histoire qui jamais, ils le savent bien ne leur apportera autre chose que leur lot quotidien de misère et de tracasseries.
Le recueil s’achève sur A love supreme, une sorte de long poème en forme d’hommage à JC, John Coltrane, le maître, le musicien de génie à la recherche de sens et d’idéal dans un monde qui n’est pas fait pour lui.
Jazz et vin de palme, c’est un regard acéré et implacable sur l’Afrique d’aujourd’hui, très loin du folklore et des drames coloniaux, c’est l’Afrique telle qu’elle est, telle qu’elle souffre, et, Dongala en est convaincu, c’est la littérature qui la sauvera.
Emmanuel Dongala, Jazz et vin de palme, Le Serpent à plumes, coll. "Motifs", 205 pages, 5,79 €
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