Le 31 mai 2014
- Réalisateur : Pascal Laugier
Durant le festival Hallucinations collectives, nous avons eu l’immense plaisir d’interviewer le cinéaste Pascal Laugier. Avec un ton très libre, il évoque pour nous la carte blanche qui lui a été accordée et parle de ses films et projets en cours.
Durant le festival Hallucinations collectives, nous avons eu l’immense plaisir d’interviewer le cinéaste Pascal Laugier. Avec un ton très libre, il évoque pour nous la carte blanche qui lui a été accordée et parle de ses films et projets en cours.
Dans le cadre du festival Hallucinations collectives, nous avons eu l’occasion de revoir L’exorciste 2 sur grand écran et dans une copie en 35 mm. Il s’agissait du montage américain (plus important de 5 minutes que le montage français). Ce film faisait partie d’une sélection de 3 films du réalisateur Pascal Laugier, qui s’était vu offrir une carte blanche.
Après la projection, nous avons interrogé Pascal Laugier qui a gentiment répondu à nos questions, avec sa verve habituelle.
aVoir-aLire : Bonjour Pascal. Que t’inspires le fait de bénéficier d’une carte blanche durant le festival Hallucinations collectives ?
Pascal Laugier : Ça me met dans des tourments insondables car on est juste seul face à l’Histoire du cinéma. Mais ça me fait aussi bien plaisir car comme tout le monde je fais des listes de mes films préférés. Cela étant, le choix est plus restreint qu’on ne l’imagine car je souhaitais que l’on projette uniquement des films en pellicule. Je voulais rester dans l’esprit du festival et donc je ne voulais pas montrer de DCP.
Y-a-t-il un point commun entre L’exorciste 2, Le locataire et Ces garçons qui venaient du Brésil ?
Pascal Laugier : Tous ces films sont produits par des studios et ne constituent pas des œuvres marginales. Ils sortaient à l’époque dans de nombreuses salles. Ce cinéma, que l’on considérait comme populaire à cette période, était incroyablement plus libre et expérimental que ce qui sort aujourd’hui.
Pourquoi avoir choisi L’exorciste 2 ?
Pascal Laugier : Dans la carrière de John Boorman, L’exorciste 2 constitue un accident industriel. Pourtant, Boorman a bénéficié de 18 millions d’€ pour faire ce film, ce qui était colossal en 1977. C’est la première fois qu’il avait autant d’argent. Ce film témoigne d’un temps où les choses étaient bien plus libres qu’aujourd’hui. Désormais, tu ne vas plus charmer un patron de studio pour produire ton film mais un responsable d’actionnaires avec 300 mecs derrière !
Le film est difficilement défendable. Ce n’est pas un bon film mais un film foisonnant. Cela étant, il est clair que c’est un long métrage boormanien : il y a la nature hostile qui contient le cosmos, la théorie du battement d’ailes de papillon c’est-à-dire que tout est lié, le new age, la science, la religion. C’est un film furieusement symbolique, et métaphorique.
Et pourquoi Le locataire ?
Pascal Laugier : C’est un film qui réussit tout ce qu’il entreprend. Il invalide complètement le débat du cinéma de genre en France. C’est un film fantastique qui se passe à Paris avec Bernard Fresson, les gens du Splendid, Eva Ionesco, etc. C’est un film profondément français – le portrait de cette France giscardienne asphyxiée – et pourtant réalisé par un cinéaste étranger, avec par exemple un humour très polonais .
Le locataire parvient à allier des choses très différentes dans un ensemble harmonieux. On passe d’une farce grotesque à un mélodrame, d’un portrait clinique sur un schizophrène à un film sociologique sur le fait de savoir comment on traite les immigrés dans le Paris de cette époque.
Il y a ce truc moins sympathique qui fait que Polanski a renié le film quand il n’a pas marché. Ca c’est le côté antipathique de Polanski. A ce jour, il n’est toujours pas réconcilié avec son film.
Quant à l’idée de diffuser Ces garçons qui venaient du Brésil ?
Pascal Laugier : C’est un film rare, un petit secret de cinéphile. C’est un film très curieux, qui témoigne lui aussi d’une époque. Il n’a pas marché du tout et a eu des critiques très moyennes. C’est un peu le point commun de ces trois films. Ces garçons constituent le dernier grand film de Franklin J. Schaffner.
Je voudrais que l’on revienne sur ton film Martyrs. C’est un long métrage riche sur le plan artistique mais particulièrement choquant. Quelle était ton intention en le réalisant ?
Pascal Laugier : Une volonté de montrer une forme de désespérance qui était de l’ordre de la nécessité, à l’époque où je l’ai fait. Pour moi, le film commence quand on est déjà en enfer. Martyrs évoque les rapports dans cet environnement.
Quel bilan tires-tu de ton expérience au Canada sur ton dernier film, The secret ?
Pascal Laugier :Je reste un cinéaste français. Mais comme le système me permet actuellement difficilement de faire ce que je veux, je prends cette solution qui est pour moi un pis-aller.
Quels sont tes projets à venir ?
Pascal Laugier : Un thriller qui part d’une histoire d’amour. Cela sera mon film le plus naturaliste. Il devrait avancer de manière sentimentale. J’ai très envie de filmer une histoire d’amour.
Nous remercions Pascal Laugier pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.
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