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Le 31 mai 2014
Grand film malade, L’exorciste 2 prend à contre-pied le classique de William Friedkin. Considéré comme un des plus mauvais films de l’histoire du cinéma, il s’agit en réalité d’un long métrage atypique qui mérite d’être (re)découvert.
- Réalisateur : John Boorman
- Acteurs : Richard Burton, Max von Sydow, Linda Blair, Louise Fletcher, Kitty Winn
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h58mn
- Titre original : Exorcist II: The Heretic
- Date de sortie : 25 janvier 1978
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Résumé : Le père Lamont enquête sur la mort mystérieuse du père Merrin, survenue à la suite d’un exorcisme, et va devoir combattre le démon Pazuzu que la jeune Regan a toujours en elle.
Critique : L’exorciste 2 est souvent été conspué par le public qui s’attend à voir la suite directe de L’exorciste.
Pourtant, c’est une œuvre vraiment à part, surtout dans la filmographie de John Boorman, alors au sommet de sa gloire avec des films comme Le point de non-retour, Duel dans le Pacifique et surtout Délivrance.
L’exorciste 2 n’entretient aucun rapport avec le classique de William Friedkin, si ce n’est le personnage de Regan MacNeill jouée par Linda Blair. On passe d’un film de terreur infernale à une œuvre mystique qui nage en plein onirisme arty. De quoi effectivement interloquer les fans de L’exorciste, pas forcément préparés à un tel dispositif artistique, d’autant que L’exorciste 1 est l’un des plus gros succès de l’histoire avec pas moins de 5.4M d’entrées en France (un record historique pour un film de ce genre) et 230M$ aux USA, ce qui était, en 1972 monumental.
Ce sequel suit le père Lamont, interprété par un Richard Burton, physiquement présent, mais qui semble ailleurs ; il a été mandaté par le Vatican pour retrouver l’origine du démon. Après des séances d’hypnose singulières qui semblent vouloir hypnotiser le spectateur lui-même, le film va alors se partager entre le quotidien de Regan McNeill et le cheminement du père Lamont en Afrique, à la recherche du démon Pazuzu !
John Boorman semble vouloir affirmer un point de vue artistique diamétralement opposé à l’original, qui était plus structuré et plus adapté aux canons du cinéma d’épouvante, qu’il redéfinissait de façon phénoménale ; mais le résultat déconcerte dans son ton, sa lenteur, ses écarts devenant autant d’écueils à la compréhension du film, alors que l’on peut reprocher à l’ensemble une absence de ligne directrice forte qui rajoute de la confusion.
Aux nombreuses références religieuses et philosophiques inhérentes aux productions démoniaques, viennent se superposer des rites tribaux africains qui nous baignent dans un mysticisme éreintant.
Pour autant, L’exorciste 2 comporte des qualités formelles indéniables. Le film regorge d’idées visuelles quasi expérimentales de toute beauté, notamment dans sa description de l’Afrique primitive, où la nature est aussi splendide qu’hostile. L’utilisation du montage parallèle avec une alternance des gratte-ciels et des montagnes en Afrique, était pour son époque originale. La fluidité de la réalisation, son ouverture sur l’épure, l’insconscient de sa protagoniste, Regan MacNeill, sont autant d’audaces qui rendent a posteriori l’approche aussi singulière qu’intéressante.
Et puis L’exorciste 2 contient aussi une musique marquante d’Ennio Morricone, entre des séquences africaines tribales et un thème principal lyrique et entêtant.
En somme, L’exorciste 2, navet patenté en son temps et flop mondial (30M$ aux USA !!!), ne peut plus être appréhendé de la même façon qu’à a sortie. Bancal, le film l’est, mais il comporte des qualités indéniables qui transcendent le genre qu’il aborde. John Boorman perpétue ainsi avec courage une œuvre personnelle et intransigeante qui était la sienne, loin de livrer un copycat de son prédécesseur. Warner qui osait le plus gros budget de son histoire connut un échec cuisant, et l’auteur William Peter Blatty, qui se sentit trahi par ce résultat atypique, alla jusqu’à proposer son propre sequel du 1, en qualité de réalisateur, avec L’exorciste, la suite, en 1989. Un nouvel échec... Le diable ne faisait alors plus peur à quiconque en ce temps...
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