Le 20 avril 2014
- Réalisateurs : Takashi Miike - John Boorman - Michael Winner - Jennifer Kent
- Acteur : Marlon Brando
- Genre : Fantastique, Thriller, Épouvante-horreur
- Festival : Hallucinations collectives
Un panel hétéroclite de longs métrages pour poursuivre les festivités d’une nouvelle édition du festival destroy lyonnais de bonne tenue.
Un panel hétéroclite de longs métrages pour poursuivre les festivités d’une nouvelle édition du festival destroy lyonnais de bonne tenue.
Suite du festival Hallucinations collectives, avec des avant-premières qui sont en compétition officielle – Shield of straw et The babadook – et des rétrospectives de films méconnus – Le corrupteur et L’exorciste 2.
Le corrupteur de Michael Winner (1971) :
Se voulant une préquelle du roman d’Henry James, Le tour d’écrou (œuvre adaptée au cinéma notamment par Les innocents de Jack Clayton), Le corrupteur de Michael Winner est un film à part dans la filmographie de ce cinéaste surtout connu pour Un justicier dans la ville. En effet, ce long métrage interroge les idées conservatrices du réalisateur britannique. Il se déroule dans une ambiance trouble où deux jeunes enfants, qui vivent dans une demeure bourgeoise en Irlande, sont initiés à des jeux pervers par l’homme à tout faire de la maison, Peter Quint, interprété par un excellent Marlon Brando. Ne saisissant pas la notion du mal, ces enfants commettent des actes graves avec une certaine candeur. Il y a constamment dans ce film un voyeurisme avec les enfants qui observent les jeux d’adultes et tentent de les reproduire à leur manière. Cela donne lieu à des scènes troublantes, notamment par exemple, quand le jeune garçon pratique le bondage sur sa sœur. Il y a aussi un érotisme prononcé doublé de sado-masochisme entre Quint et la jeune préceptrice des enfants. Autant dire que ce long métrage ne cherche pas à tout prix à plaire à son public, puisqu’il questionne les notions de moralité.
En somme, Le corrupteur aborde des thématiques sulfureuses qui vont à l’encontre d’une bourgeoisie puritaine.
Shield of straw de Takashi Miike (2013) :
Véritable stakhanoviste de la réalisation de films, le japonais Takashi Miike est désormais considéré comme un cinéaste important au Japon. A tel point qu’on lui confie des productions à gros budget. C’est le cas de ce Shield of straw qui, à première vue, est un pur film d’action où des policiers aguerris sont censés protéger l’ennemi public numéro 1, un tueur d’enfants, dont la tête a été mise à prix par le grand-père fortuné d’une des victimes. Shield of straw contient effectivement son lot de scènes d’action qui sont lisibles et très efficaces, mais progressivement se recentre sur un dilemme moral. En effet, est-il justifié de mettre sa vie en danger pour protéger un individu ingérable et dont la culpabilité ne fait aucun doute ? Pas forcément connu pour faire dans la finesse, Takashi Miike livre pourtant ici une œuvre d’une grande cohérence et certainement l’un de ses films les plus aboutis. Constamment, le spectateur ne sait pas sur quel pied danser et surtout quel parti prendre. Car au-delà des motivations très différentes des personnages du film, il y a cette notion d’argent qui pervertit tout, des basses sphères aux hautes sphères.
La fin nihiliste de Shield of straw laisse le spectateur libre de penser ce qu’il souhaite. A la différence de nombreux revenge movie, ce long métrage de Takashi Miike est incontestable dans son fond. On est jamais dans un vulgaire “vigilante”.
The babadook de Jennifer Kent (2014) :
Premier long métrage de Jennifer Kent, The babadook était précédé d’une flatteuse réputation, comme le prouvent entre autres ses multiples prix à Gérardmer. La première heure du film confirme en tous points cette réception positive. En effet, on suit une jeune veuve, qui peine à élever son fils, Samuel. Les choses sont rendues encore plus difficiles par l’introduction d’un croquemitaine terrifiant sorti d’un livre pour enfants, mister Babadook. Ce boogeyman perturbe d’abord le quotidien de l’enfant qui se révèle extrêmement agité puis progressivement celui de la mère qui sombre dans la folie. Le film est très intéressant dans sa description du rapport très subtil entre mère et fils, où on est touché par cette difficulté de vivre ensemble. Par ailleurs, le contexte social réaliste est très bien décrit. Tout cela amène naturellement le spectateur à s’attacher à ces personnages. Reconnaissons qu’après cette première heure, The babadook nous avait clairement séduit. Malheureusement, la tournure grand-guignolesque et très démonstrative du film par la suite déçoit franchement. Tout le jeu très subtil de l’actrice interprétant le rôle de la mère, part en lambeaux, et se transforme en spectacle grimaçant, nous laissant sur une image négative. Le film rentre dans le rang et n’est pas plus subtil qu’un Freddy ou consorts. Dommage, The babadook aurait pu être un grand film. Il n’est au final qu’un bon film.
L’exorciste 2 de John Boorman (1977) :
Le film a été précédé d’une présentation par Pascal Laugier qui n’a pas cherché à dire qu’il s’agit d’un chef d’œuvre mais qui a motivé son choix de programmation envers un film conspué et avec lequel il entretient un rapport très particulier.
Pascal Laugier n’a absolument pas menti. L’exorciste 2 est vraiment un film à part, surtout dans la filmographie de John Boorman, alors au sommet de sa gloire avec entre autres des films comme Délivrance, Duel dans le pacifique ou Point blank. L’exorciste 2 n’a même rien à voir avec le classique de William Friedkin. Ici, on suit le père Lamont, interprété par un Richard Burton qui est bien là mais semble ailleurs, qui a été mandaté par le Vatican pour retrouver l’origine du démon. Après des séances d’hypnose extrêmement curieuses qui semblent vouloir hypnotiser le spectateur lui-même (!), le film va alors être partagé entre le quotidien de Regan McNeill et le cheminement du père Lamont en Afrique, à la recherche du démon Pazuzu ! On ne sait pas ce qui s’est passé dans le cerveau de John Boorman quand il a accepté de réaliser cette suite de L’exorciste. Certes, l’œuvre est complètement différente de l’original, mais le résultat est franchement peu convaincant, avec une absence de ligne directrice forte. Le récit part dans tous les sens et déroute totalement le spectateur, qui peut trouver ce film particulièrement confus. Pour autant, L’exorciste 2 n’est pas la sombre bouse que tant de gens dénoncent, mais un film malade regorgeant d’idées visuelles quasi expérimentales, notamment celles en Afrique montrant une nature à la fois belle et hostile. Et puis L’exorciste 2 contient aussi un score marquant d’Ennio Morricone, entre des séquences africaines tribales et un thème principal lyrique et entêtant.
Film bancal par excellence, L’exorciste 2 est une expérience qui mérite d’être vécue par tout un chacun !
Vivement la suite du festival !
Galerie Photos
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