Le mal, le vrai
Le 8 août 2009
Un exercice de style très étrange qui sous son apparence académique ne ressemble qu’à son auteur fasciné par l’ambiguïté et le mal.
- Réalisateur : Barbet Schroeder
- Acteurs : Benoît Magimel, Lika Minamoto
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 3 septembre 2008
- Plus d'informations : Le site du film
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Un exercice de style très étrange qui sous son apparence académique ressemble à son auteur fasciné par l’ambiguïté et le mal.
L’argument : Débarqué au Japon pour la promotion de son nouveau roman, Alex Fayard rencontre une geiko, Tamao, menacée de mort par un ancien amant. En acceptant de l’aider, il se retrouve face à Shundei Oe, l’auteur de livres policiers dont il est le spécialiste français. Dès lors, il plonge dans un monde de mystère et de perversité, sur les traces d’un homme assoiffé de vengeance.
Notre avis : Première scène : on découvre yeux ébahis l’extrait d’un faux film japonais entre chambara gore et film noir. Mais il est tellement outré qu’il ne laisse aucun doute sur sa nature parodique. C’est une mise en abyme (un film dans le film). Une illusion d’optique, oui, mais surtout un avertissement pour celui qui va voir Inju en pensant lire une dissertation : tout ce qui va suivre n’est qu’un trompe-l’œil, un long gag qui prend les atours d’une enquête policière bidon où un écrivain occidental bien arrogant avec ses certitudes de savoir est pris au piège par un romancier mystérieux qu’il admire. Peu importe l’identité de Shundei Oe : Barbet Schroeder a juste fait un film pour le plaisir de ressasser ses obsessions de toujours : le mal sous toutes ses formes, l’ambiguïté, les démons intérieurs. Ce qui est très plaisant pour le cinéphile qui connaît sur le bout des doigts les films du grand Barbet, artiste très respectable, et un peu moins pour les autres qui espéraient voir un thriller conventionnel et risquent fort d’être déroutés par l’inertie du rythme et la mollesse des personnages. Un conflit de degrés de lecture qu’incarne Benoît Magimel, très mauvais si on essaye de croire à son personnage au premier degré, et pourtant crédible dans la passivité, le décalage voulu par Schroeder.
Drôle de film donc. Mais film du plaisir avant tout où Schroeder se perd au Japon, pays qui l’a toujours fasciné et qui lui a notamment inspiré le sublime Maîtresse. Il lui rend d’ailleurs ouvertement hommage à travers deux trois scènes sadomaso sophistiquées. Sauf qu’à l’époque il y avait Bulle Ogier qui avait une classe folle, Gérard Depardieu qui bouffait du cheval et surtout une vraie fougue qui animait chaque scène. Sur ce coup, ce Inju sans hauteur est glacial, le rythme sinueux, le style trop artificiel ; et ce bluff pince-sans-rire devient un vestige mental où se croisent des réminiscences abstraites et des dialogues explicites. Il faut lire entre les lignes pour comprendre les intentions de ce cinéaste aussi intelligent et malin que le diable. Mais, en espérant que cet éclat de rire ne soit pas le dernier, on reste déçu de ne pas aimer plus que de raison cet objet hybride frustrant (parce que ce film-somme n’atteint qu’une cible restreinte) et pourtant si excitant (parce que Barbet fait encore ce qu’il veut).
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