Extinction des Incendies
Le 1er avril 2013
Après le remarquable Incendies, en plein cœur de la poudrière israélo-palestinienne, le cinéma québécois s’embrase à nouveau. Pour le spectateur, par contre, aucune raison cette fois d’être tout feu tout flamme.


- Réalisateur : Anaïs Barbeau-Lavalette
- Acteurs : Sabrina Ouazani, Carlo Brandt, Evelyne Brochu, Sivan Levy
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Canadien
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 3 avril 2013

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Après le remarquable Incendies, en plein cœur de la poudrière israélo-palestinienne, le cinéma québécois s’embrase à nouveau. Pour le spectateur, par contre, aucune raison cette fois d’être tout feu tout flamme.
L’argument : Dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, Chloé, jeune sage femme québécoise accompagne les femmes enceintes. Entre les check points et le mur de séparation, Chloé rencontre la guerre et ceux qui la portent de chaque côté : Rand, une patiente avec qui elle va rapidement se lier d’amitié et Ava, jeune militaire, voisine de palier en Israël. A leur contact, Chloé va progressivement remettre ses repères en question.
Certains voyages font voler en éclats toutes certitudes. Pour Chloé, Inch’Allah est de ces voyages-là.
Notre avis : Un gamin muni d’une kippa apparaît à l’image. Dans son rayon d’action, une femme portant un sac à dos marche d’un pas décidé, vers la terrasse d’un café. Durant cette scène relativement brève, la caméra la suit de dos afin que sa véritable identité ne soit pas révélée au public, à cet instant précis du récit où on ne s’est pas encore familiarisés avec les différents protagonistes de cette tragédie cousue de fil blanc, laquelle s’attarde platement sur l’interminable conflit israélo-palestinien. Malgré le peu d’éléments dont on dispose alors, il ne faut pas être devin pour prédire l’imminence d’une déflagration meurtrière qui, ultérieurement, se fera l’écho d’un épilogue presqu’à l’identique. Dénué du moindre effet de surprise, celui-ci sent légèrement le réchauffé tant il surgit tardivement à l’écran, à un moment où le spectateur a déjà décroché depuis belle lurette. Cela est dû au peu de compassion que l’on peut ressentir vis-à-vis des personnages principaux de cet ersatz ; et, ce n’est assurément pas la piètre qualité d’interprétation d’Evelyne Brochu, entraperçue dans Café de Flore, qui viendra dénouer la situation de ce drame au sujet sensible, voire casse-gueule.
Indéniablement, il reproduit en grande partie la trame narrative de deux incontournables, autrement plus prenants, sur la situation religieuse (pour le moins délicate) qui perdure depuis quelques décennies déjà au Proche-Orient, à savoir le fougueux The Bubble et le lumineux Incendies. Rien de surprenant lorsqu’on sait que la jeune réalisatrice canadienne, Anaïs Barbeau-Lavalette, dont c’est le second long-métrage, a également mis en scène le documentaire Se souvenir des cendres, sorte de "making of" justement d’Incendies, l’adaptation éponyme du dramaturge Wajdi Mouawad par Denis Villeneuve. Cela explique pourquoi la difficulté de l’exil (non sans rappeler aussi un certain Monsieur Lazhar) se retrouve une fois de plus au centre d’un film québécois. En effet, la discorde entre frères ennemis est perçue à travers le regard d’une étrangère ; en l’occurrence, une sage-femme ayant quitté son Québec natal pour venir en aide à la population locale. Quant à la présence de Yousef Sweid (qui joue le frère de Sabrina Ouazani), elle ne fait que renforcer la proximité avec la référence incontestable en la matière que constitue The Bubble. Bref, le plagiat se sent à plein nez ; et ce ne sont pas les deux prix reçus lors de la dernière Berlinale (dans la section Panorama) qui vont venir changer la donne... Quoi qu’il en soit, vous voilà prévenus !