Le 3 juillet 2021
Ibiza ferait passer n’importe quelle comédie avec Dubosc pour du Dziga Vertov. Un désastre.
- Réalisateur : Arnaud Lemort
- Acteurs : Mathilde Seigner, Christian Clavier, Frédérique Bel, Olivier Marchal, JoeyStarr, Louis-Do de Lencquesaing, Cathy Guetta, Monique Martial
- Genre : Comédie, Nanar
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Date télé : 1er septembre 2024 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 3 juillet 2019
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Résumé : Philippe et Carole, tous deux divorcés, viennent de se rencontrer. Très amoureux, Philippe est prêt à tout pour se mettre les deux ados de Carole dans la poche. Il propose un deal au fils aîné : s’il a son bac, c’est lui qui choisit leur lieu de vacances. Et ce sera Ibiza ! Mais pour Philippe, plutôt habitué à de paisibles vacances dans la Baie de Somme, c’est un véritable choc.
Critique : Quand un ancien poids lourd de la gaudriole devient un poids mort, on comprend que le public ne veuille même pas partir en vacances, parce qu’on l’a déjà emmené dans le bateau en plastique de Dubosc, plusieurs mois auparavant. Et au bout d’un moment, basta. Pas plus qu’elle ne brillerait sous la pluie, cette comédie ne profite jamais du soleil d’Ibiza et, au rythme où il va, l’accident industriel est simplement moins rapide. Ou plus facile à anticiper, c’est selon. D’ailleurs, à propos de lenteur, le train de sénateur auquel Clavier finit par accommoder son pas, navet après navet, augure un avenir repérable : oui, on se dit que son humour finira bien par s’échouer quelque part dans des zones de nonchalance insipide, là où jadis Jean Lefebvre, se croyant drôle, exhibait ses personnages avec la même tête d’ahuri, qui leur donnait effectivement une tête d’ahuri.
Cela dit, aucun acteur, aucun actrice au monde, même dopé(e) à l’énergie du désespoir, ne pourrait sauver un scénario nul, où des rôles aussi stéréotypés qu’on puisse les cauchemarder se repèrent à une distance qui va de Paris à Ibiza, et donnent constamment l’impression d’être plus intelligent que ce qu’on voit sur l’écran. Si l’on ne regardait pas un film, on remercierait presque toute l’équipe qui a participé à cette bêtise insondable. Hélas, on n’ira pas jusque-là, parce qu’il nous faut quand même subir la tête grimaçante de Clavier qui voit deux homosexuels s’embrasser, le même balancer un vieux Joan Jett devant un jeune public surexcité, avant de se fendre d’un stage diving, après avoir repéré Seigner, suspendue par un câble au-dessus de l’assistance, comme une abeille joyeuse. En fait, on croit vivre un bad trip. Mais rassurons-nous : ce n’est qu’une comédie française.
Les deux ados qui, évidemment, font la gueule pendant presque tout le film -et on les comprend-, s’expriment à base de « relous » et « kiffer ». L’un d’eux trouve même le mot « fellation » au Scrabble (arf, arf). Parfois, quelques petites notes de piano résonnent pour faire clignoter des moments de tendresse, aux fins de plaire aux critiques incrédules et les convertir à l’idée d’une inflexion dans le jeu de Clavier : plus de douceur, le bénéfice de l’âge sans doute. Oui, le sirop annonce le sucre qui saupoudrera bientôt les fraises. On oubliera volontiers que Joey Starr et Olivier Marchal ont participé au long métrage. On espère qu’ils ont bien rigolé entre les prises.
Et certains producteurs croient encore que ce formatage industriel de la comédie en boîte, façon Manzoni (Piero), peut s’écouler en milliers d’exemplaires pour atterrir dans nos gorges déployées.
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