Le 27 août 2020
Un documentaire d’une actualité brûlante qui, entre douce poésie et paysages grandioses, démontre les conséquences sur la vie humaine de la surexploitation de la nature.
- Réalisateurs : Ljubomir Stefanov - Tamara Kotevska
- Nationalité : Macédonien
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 16 septembre 2020
- Festival : Festival de Sundance 2019, Festival 2 Valenciennes 2020
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Hatidze est une des dernières personnes à récolter le miel de manière traditionnelle, dans les montagnes désertiques de Macédoine. Sans aucune protection et avec passion, elle communie avec les abeilles. Elle prélève uniquement le miel nécessaire pour gagner modestement sa vie. Elle veille à toujours en laisser la moitié à ses abeilles, pour préserver le fragile équilibre entre l’Homme et la nature.
Critique : En Europe du Sud, dans le fin fond de la péninsule des Balkans subsistent quelques territoires oubliés des hommes, où la nature n’a jamais perdu ses droits. Aucune route n’y mène. C’est pourtant là, dans une masure sans eau ni électricité, que vivent Hatidze et sa mère handicapée et aveugle.
- Copyright Trice Films/Apolo Media
La séquence d’ouverture nous invite à la suivre dans cette campagne rude, mais intacte, à la beauté époustouflante. A l’heure où les habitants des mégalopoles grouillantes se pressent vers des activités plus ou moins aliénantes, elle escalade, comme tous les jours, chemins pentus et massifs pierreux, avec l’aisance du cabri. Son visage précocement buriné arbore un éternel sourire et elle chantonne, heureuse de retrouver ces abeilles bien protégées, au creux des murs de pierre. Ces travailleuses acharnées représentent le pivot de son existence et elle respecte scrupuleusement leur rythme de vie. Comme le faisait avant elle son père, son grand-père, son arrière-grand-père et toutes les générations qui l’ont précédée, Hatidze ne prélève qu’une partie de la production de miel, laissant l’autre à ces insectes zélés qui, l’hiver venu, quand le pollen manquera, pourront s’en nourrir. Parfois, elle va jusqu’à Skopje, la capitale éloignée d’une vingtaine de kilomètres, pour vendre une partie de sa récolte dont tout le monde s’accorde à vanter la qualité. Ainsi, se déroulent les jours simples, mais paisibles, de cette femme toute auréolée de cette sérénité dévolue à ceux qui savent se contenter de peu.
- Copyright Trice Films/Apolo Media
Mais ce fragile équilibre est brutalement rompu par l’arrivée intempestive d’une famille nombreuse, accompagnée de ses animaux et de ses engins agricoles. Le tempérament doux et généreux d’Hatizde l’incite à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Elle s’immerge dans ce joyeux tohu-bohu, tisse des liens d’amitié avec les enfants et entreprend même d’enseigner au père les gestes primordiaux pour une récolte optimale, dans le respect des traditions. Cependant, celui-ci mesure vite toute l’importance du profit que des productions intensives pourraient lui permettre de réaliser. Il s’adjoint les services d’un apiculteur rompu aux méthodes modernes, installe des ruches et exhorte tous les membres de sa famille à participer activement au ramassage du miel. Sa cupidité associée à la maladresse des différents intervenants provoque une succession de catastrophes (dont la destruction des abeilles d’Hatidze) et de conflits, donnant lieu à une crise du miel, qui se cristallise à la fois sur la force du lien entre nature et humanité et sur le risque que nous courons à continuer de faire semblant de l’ignorer.
- Copyright Trice Films/Apolo Media
Mandatés pour réaliser une vidéo environnementale pour la Macédoine, Ljubomir Stefanov et Tamara Kotevska découvrent par hasard, dans des lieux abandonnés depuis des années, des nids d’abeilles qui les conduisent jusqu’à Hatidze. Fascinés par l’authenticité et la joie de vivre de cette femme soumise à un extrême dénuement, tant sur le plan financier que moral (les conversations avec sa mère sont souvent inouïes), ils filment avec une infinie délicatesse celle dont ils font le symbole d’un monde voué à disparaître. Afin de nous immerger au plus près de cette nature intacte et de ces personnages sans faux-semblants, ils évitent tout verbiage inutile et font le choix d’une narration visuelle, riche des émotions et des réactions spontanées de chacun des protagonistes. Un regard subtil que l’on retrouve dans la photographie. Qu’il s’agisse des scènes extérieures éclatantes de lumières chaudes ou de l’intérieur de la cabane d’Hatidze, éclairé à la bougie, entre ombre et lumière, tout concourt à faire de cette réflexion sur le monde un tableau poétique. Une histoire riche d’humilité, qui plaide sans ostentation pour un partage équitable des richesses entre les fournisseurs de ressources et leurs utilisateurs.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.