Le 10 février 2025
Un film d’animation soigné et didactique sur l’enfance de Frida Kahlo, qui propose une approche pertinente pour un jeune public. Malgré des passages convenus, l’ensemble ne démérite pas et séduit par le graphisme des séquences oniriques.


- Réalisateurs : André Kadi - Karine Vézina
- Genre : Animation, Film pour enfants, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Canadien
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h22mn
- Âge : À partir de 6 ans
- Festival : Festival d’Annecy 2024

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Résumé : C’est l’histoire d’une petite fille différente. Son monde, c’est Coyoacan au Mexique. Pétillante, vibrante, tout l’intéresse. Et lorsque les épreuves se présentent, elle leur fait face grâce à un imaginaire débordant. Cette petite fille s’appelle Frida Kahlo !
Critique : Coproduction franco-canadienne, Hola Frida a été présenté au Festival d’Annecy mais également à Morelia, Toulouse et Grenoble. Tobo Media et Du Coup Studio Production sont à l’origine de ce joli film d’animation distribué par Haut et Court. À l’aide des coscénaristes Anne Bryan et Émilie Gabrielle, les cinéastes André Kadi et Karine Bézina ont souhaité adapter l’album Frida, c’est moi de Sophie Faucher (textes) et Cara Carmina (illustrations), publié chez Édito. La proposition est séduisante, et le film constitue une approche honorable et didactique pour introduire à un jeune public (à partir de sept ans), la vie et l’œuvre de Frida Kahlo, via son enfance et (en fin de récit) son adolescence. De l’écolière dont l’existence est bouleversée par la poliomyélite à l’étudiante de santé fragile, le récit aborde le quotidien de la jeune Frida, qui s’évade dans l’imaginaire en s’inventant une amie fictive et a accès à un monde parallèle par le biais d’un carnet de dessin intime. Basé, comme le matériau original, sur la correspondance de Frida Kahlo qui y évoque en grande partie son enfance, Hola Frida est habile dans sa description du contexte familial.
- © 2024 Haut et Court Distribution, Tobo Media, Du Coup Studio Production, Maison 43. Tous droits réservés.
Contrairement aux jeunes protagonistes du Tombeau des lucioles ou de Mémoires d’un escargot, autres films d’animation sur l’enfance tourmentée, Frida ne bénéficie pas d’un contexte parental défavorable et miséreux (tout juste son père est-il atteint d’épilepsie). Ses parents, aimants, appartiennent à la classe moyenne et lui transmettent, ainsi qu’à sa petite sœur, les valeurs de bienveillance et de liberté. Ils encouragent même son désir de créativité et son souhait de devenir médecin. Mais la fillette doit affronter les préjugés d’une partie de son voisinage et les railleries de certains de ses camarades d’école. La narration transmet alors un discours bienvenu sur l’égalité des sexes, l’inclusion des personnes en situation de handicap, la lutte contre le harcèlement scolaire mais aussi le droit des populations zapotèques (dont est issue une partie de la famille de Frida) de disposer de leurs terres. C’est ce qui fait son intérêt mais aussi sa limite, le long métrage ayant tendance à vouloir cocher un peu trop toutes les cases du politiquement correct, quitte à glisser sur la pente du discours convenu et de la sensiblerie.
- © 2024 Haut et Court Distribution, Tobo Media, Du Coup Studio Production, Maison 43. Tous droits réservés.
Plus intéressant nous semble le traitement graphique, et en particulier le choix de la palette chromatique : « Les illustrations de Cara Carmina étaient déjà très colorées, et les personnages y étaient très vivants. Ça a été le point de départ de nos premiers décors et de nos premiers tests d’animation », précise André Kadi, quand Karine Vézina informe que « le voyage que nous avions fait un an plus tôt au Mexique nous a donné aussi beaucoup d’inspiration, pour ajuster les couleurs, les lumières aux différents moments de la journée ». La référence aux tableaux de Kahlo est également appréciable, en particulier pour les séquences où la petite fille manque de se faire emporter par une incarnation de la Mort presque aussi saisissante que Maria Casarès dans Orphée ou Jessica Lange dans All that Jazz. Il faut enfin ajouter que ce petit film d’animation est bien supérieur au biopic académique (pléonasme ?) Frida de Julie Taymor (avec Salma Hayek) et surtout au médiocre documentaire Frida Viva la Vida de Giovanni Troilo.