HHhH – le test blu-ray

Le film :

Avis contre :
Sûrement dépassé par la densité d’un tel récit, HHhH a bien du mal à susciter un investissement émotionnel fort venant d’un spectateur confronté à un scénario trop factuel. Condensant en deux trop maigres heures le parcours sur plus de dix ans du boucher de Prague, de sa femme, et de deux résistants tchécoslovaques chargés d’assassiner le premier, Cédric Jimenez fournit un travail solide avec le soin apporté à une reconstitution implacable et une mise en scène maîtrisée, que l’on retrouvait déjà dans l’ambitieux La French, précédente réalisation du Français. Seulement il en faut plus que cet académisme irréprochable pour donner à ce HHhH un véritable souffle, et là où La French prenait son temps pour décortiquer ses personnages au risque d’ennuyer, les ellipses sur l’ascension de Heydrich et sa relation avec sa Lady Macbeth empêchent complètement de réaliser la gravité de ce qui se déroule sous nos yeux. C’est la plus grande déception venant de cette adaptation du roman éponyme de Laurent Binet, ne pas avoir saisi l’opportunité de relater le parcours de Heydrich pour prendre le pouls d’une folie grandissante résultant d’une influence féminine effrayante et de la grande misère de son pays. L’alchimie entre les différents personnages pose là aussi également problème. Jason Clarke et Rosamund Pike convainquent dans leur rôle, mais jamais vraiment dans leur relation, alors qu’elle se trouve pourtant au centre de l’endiguement de Heydrich dans le parti nazi. On croit plus en la fraternité unissant Jan Kubiš et Jozef Gabčík alors que les deux sont bien plus fades, Jimenez ne tirant aucunement profit du talent de Jack O’Connell et de Jack Reynor, malgré un final et surtout une dernière scène touchants. On reste sur un sentiment de gâchis.

Ci-dessous l’avis pour

Copyright : Mars Distribution

Le blu-ray :

Les suppléments :

Un making-of de 22 minutes pas forcément très captivant puisqu’il revient sur les personnages dans ce qu’ils ont de plus basique, même si sont également abordés la pré-production et le travail de Cédric Jimenez sur le projet. Étonnamment, c’est le second bonus qui retient un peu plus l’attention, puisqu’il permet d’en apprendre vraiment davantage sur les événements du film grâce au regard d’un historien spécialiste. La forme n’est pas très ludique (un plan fixe sur l’historien agrémenté d’images du film), mais la qualité d’orateur de l’invité et la richesse de l’information rendent ce supplément passionnant.

L’image :

En soit, que le grain soit aussi présent sur HHhH ne dérange en rien, surtout qu’il trouve du sens par le contexte et la photographie très terne, presque malsaine, du film. Mais par son abondance sur certains plans, il impacte violemment le piqué des scènes en bas éclairage. Au mieux pourra-t-on se retrouver en face d’une (très) belle définition, au pire en face d’un niveau très faible, sans aucune force dans les textures, avec, pour ne rien arranger, des noirs manquant clairement de profondeur. Bon point, la colorimétrie met bien en avant la complexité de la photographie, certes terne, mais au rendu des couleurs très travaillé.

Le son :

Ronde, immersive, brutale pendant les scènes d’actions. Rien à redire sur cette VO en DTS-HD 5.1.