Le 2 juin 2024
Un film puissant et coup de poing sur les conditions de formation des jeunes soldats au Mexique, mais parfois à la limite du soutenable.
- Réalisateur : David Zonana
- Acteurs : Monica Del Carmen, Santiago Sandoval Carbajal, Fernando Cuautle, Esteban Caicedo
- Genre : Drame
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h28mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 22 mai 2024
- Festival : Festival de Berlin 2023
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Résumé : Luis, un jeune homme de dix-huit ans aux racines indigènes, entre au Collège militaire dans l’espoir de s’assurer un meilleur avenir. Là, il se heurte à un système rigide et violent, conçu pour faire de lui un parfait soldat.
Critique : Brimades, humiliations, sévices physiques et psychologique : tel est le destin terrible de ces jeunes "poulains", nouvellement engagés dans l’armée mexicaine, soumis au pouvoir et aux abus d’officiers en formation. Voilà donc en une phrase le récit d’Heroico dont le fil conducteur suit le parcours de Luis, dix-huit ans, qui, pour le coup, bénéficie du soutien de son gradé. Ce n’est hélas pas le cas de certains compagnons qui subissent, des intimidations, proches de formes de tortures sans objet, sinon la jouissance de la domination.
Heroico est un film dur. Trop dur. Parfois même insoutenable. On comprend la volonté de David Zonana de dénoncer avec force les dysfonctionnements graves de l’armée mexicaine, générant des disparitions ou des morts suspectes sans que le gouvernement ne bouge d’un pouce. Le jeune Luis voudrait bien démissionner, avant que le système ne change durablement sa personnalité et sa conscience, mais il est tenu par une mutuelle fournie par l’État, qui permet à sa mère de bénéficier d’un traitement contre le diabète. Le garçon n’est pas le seul dans cette situation. Les jeunes qui l’entourent sont contraints par des situations sociales d’immense pauvreté, les contraignant donc à accepter l’inacceptable ou à cautionner l’horreur de comportement des gradés, jusqu’au général lui-même qui avoue que sans la décoration due à sa fonction, il n’est rien socialement au Mexique.
- © 2023 Filmadora, Film i Väst / Paname Distribution. Tous droits réservés.
Le constat est tragique. David Zonana réalise un second long-métrage où, après avoir dénoncé la condition ouvrière dans Mano de obra, il s’attaque à la brutalité de l’armée mexicaine. En réalité, comme dans son premier film, le cinéaste met à l’amende un gouvernement qui manifestement ne fait rien pour diminuer les inégalités, poussant ainsi les jeunes hommes à s’engager dans un système maltraitant et scandaleux.
La mise en scène mêle au réalisme des cauchemars qui montrent l’impact traumatisant que les sévices sur ses camarades génèrent chez Luis. Un vague cours de droit ne suffit pas à le rassurer, bien au contraire, d’autant que les valeurs annoncées sont en contradiction totale avec le comportement de l’institution militaire et ses acteurs. David Zonana ne préserve jamais son spectateur. Certes, la représentation de ces sévices n’est rien par rapport à ce que subissent les vrais soldats mexicains. Pour autant, on se demande si le cinéma a à gagner à étaler avec une telle brutalité l’horreur de ce que la réalité parfois donne à voir.
- © 2023 Filmadora, Film i Väst / Paname Distribution. Tous droits réservés.
Herorico est un film brut, direct, et sans esbroufe. David Zonana place son récit dans ce qui ressemble à un temple aztèque, qui pourtant a fait naguère l’honneur et la grandeur des peuples sud-américains. Cette référence est particulièrement intéressante, car elle révèle la possibilité pour le Mexique de s’élever et de faire valoir que sa culture repose sur un système ancestral, innovant et puissant. Mais le pessimisme gagne au détriment de la lumière que le réalisateur entrouvre.
Il faut saluer l’interprétation sans faille des jeunes comédiens, à commencer celle de Santiago Sandoval qui joue Luis, Fernando Cuautle qui se drape dans la peau de ce gradé violent et pervers. On souffre avec lui et on s’identifie à la mécanique monstrueuse qui nourrit les dispositifs sectaires et grégaires. Alors, David Zonana exagère-t-il le trait ? Hélas non. Dans tous les cas, le spectateur ressort totalement épuisé, avec le secret espoir qu’un peu d’amour et de fraternité suffirait à changer le monde.
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