Hattrick - la critique du film

Notre avis : La creuse existence, sans accomplissement possible, de la classe moyenne, est un des thèmes de prédilection du cinéma iranien contemporain. Dans cette histoire, un accident de voiture est l’expédient pour mettre quatre membres de la bourgeoisie face à un dilemme moral. La première réaction des personnages est une agressivité mal maîtrisée, chacun essayant de se renvoyer la faute de l’accident. Vient ensuite la culpabilité (la recherche téléphonique dans les hôpitaux de la ville d’une éventuelle victime de la route), suivie de l’auto-indulgence (la certitude de ne pas avoir écrasé une personne, dans le pire des cas un animal) et du retour à l’égocentrisme débordant de ces quatre personnages, chacun renfermé dans sa petite vie et incapable d’élaborer ses émotions de manière constructive.
Hat-trick est un très bon exemple de cette tendance du cinéma iranien à analyser la classe moyenne, à partir de son intimité la plus profonde. Le casting est excellent et les interprètes portent de manière formidable l’atmosphère de tension qui va crescendo, tout au long de l’histoire. Dans certaines scènes en huis clos, on a presque l’impression d’entrevoir des clins d’œil à Polanski (Carnage), Nichols (Qui a peur de Virginia Woolf ?) ou encore Mike Leigh (Secrets et mensonges).
Bien qu’éloigné de la complexité d’autres films, comme par exemple About Elly d’Asghar Farhadi, Hat-trick pourrait à juste titre revendiquer son appartenance à plusieurs genres : fiction dramatique, drame social et film de suspense.
Il s’agit du troisième long métrage de Ramtin Lavafi, dont la première réalisation, Be Calm and Count to Seven, gagna certains prix prestigieux, notamment un Tiger award au festival de Rotterdam en 2018. La septième édition du festival Cinéma(s) d’Iran, du 12 au 18 Juin au cinéma Nouvel Odéon de Paris, est l’occasion pour le grand public de ne pas rater cette magnifique production contemporaine.