Harry Potter et ses descendants

Harry Potter est le héros des enfants du monde entier. C’est aussi celui des éditeurs jeunesse. Ce succès littéraire a été jusqu’à pousser le New York Times à créer un classement des meilleures ventes jeunesse. C’est là tout le pouvoir de Harry. Le jeune sorcier a ouvert une brèche énorme dans laquelle d’autres auteurs et maisons d’édition n’ont pas tardé à s’engouffrer. Et toujours dans la veine fantastique. Séries télévisées, Halloween, fascination pour des mondes obscurs qui permettent aux enfants d’exorciser leurs peurs... Du frisson, encore et toujours du frisson. Voilà la recette magique. Le genre fantastique permet toutes les fantaisies. Alors aujourd’hui, Harry Potter n’est plus orphelin : les frères et sœurs poussent comme des champignons. Une grande famille !

Les plus célèbres sont sans aucun doute Artemis Fowl et Peggy Sue. Des challengers dans l’arène de la littérature jeunesse. Le premier est un total anti-héros, inventé par Eoin Colfer, écrivain irlandais. Artemis est un drôle de petit génie de l’informatique, qui a pour unique objectif l’enlèvement machiavélique d’une fée en vue d’une rançon. Rien de très charitable ! Le lecteur est baladé entre monde magique et réalité moderne, dans une histoire très rythmée où l’humour noir côtoie une imagination sans bornes. Le surdoué, décidément sans scrupules, s’est fait traduire par le traducteur de Harry, Jean-François Ménard. La seconde est sortie de l’imaginaire surréaliste et sombre de Serge Brussolo. Un monde violent dans lequel une collégienne américaine de 14 ans et son chien bleu combattent les "invisibles", fantômes tout-puissants qui tourmentent les êtres humains. Une sorte de Buffy de la littérature, vampires en moins. Un univers un peu moins édulcoré que celui de Harry Potter, qui se veut le pendant plus rude et plus inquiétant. Ces deux clones du sorcier en sont déjà à leur troisième aventure. Et Peggy Sue a déjà un alter ego, Sigrid (Sigrid et les mondes perdus). En 2002, Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire de Lemony Snicket ont fait sensation, la saga en est déjà à son sixième volet pour un véritable roman fleuve prévu en treize parties. Violette, Prunille et Klaus sont ces trois orphelins aux prises avec un terrifiant comte Olaf, prêt à tout pour récupérer leur héritage. Toujours beaucoup de situations noires et de suspense.

Les enfants des quatre coins de la Terre sont voués à la lecture à perpétuité : il y a Tom Cox de Franck Krebs (qui pourrait être le frère siamois de Harry Potter, tellement ses aventures sont copiées sur celle du sorcier de Poudlard), la série À la croisée des mondes de Philipp Pullman (un peu plus ancien et difficile d’accès), Kevin et les magiciens, le tout récent Minuit sonne pour Charlie Brown de Jenny Nimmo, et tant d’autres. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, les enfants écrivent même leurs propres séries : La guerre des rêves de Catherine Webb (14 ans au moment de l’écriture) et La prophétie des pierres de Flavia Bujor (13 ans). Maintenant que le pied est dans l’entrebâillement de la porte, les éditeurs ont décidé de l’enfoncer. À coup de mondes fantastiques, d’humour et de plumes (plus ou moins) habiles.