Hanna au pays du kitsch
Le 2 avril 2014
En dépit de ses invraisemblances et d’une esthétique au goût douteux, Hanna demeure un film de genre efficace.
- Réalisateur : Joe Wright
- Acteurs : Eric Bana , Saoirse Ronan, Tom Hollander , Olivia Williams
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h51mn
- Date télé : 9 janvier 2020 21:00
- Chaîne : TF1 Série Films
- Date de sortie : 6 juillet 2011
- Plus d'informations : Le site du distributeur.
– Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
En dépit de ses invraisemblances et d’une esthétique au goût douteux, Hanna demeure un film de genre efficace
L’argument : Hanna est une jeune adolescente de 14 ans de l’Europe de l’Est. Elle a été entraînée pour devenir une machine à tuer de sang froid. Mais Hanna découvre qu’une autre vie est possible lorsqu’elle rentre en contact avec une famille française, surtout quand elle devient amie avec leur fille. Mais son père essaie de la ramener dans son monde. Elle découvre alors qu’elle a été élevée comme une tueuse dans un camp de prisonnier de la CIA. Hanna finit par lutter pour reconquérir sa liberté et une vie normale.
Notre avis : Hanna s’ouvre et s’achève sur un meurtre. Dans la première séquence l’héroïne est à la poursuite d’un renne dont elle ramène la carcasse en trophée à son père, le très barbu Eric Bana, mentor sévère mais supposé bienveillant - il a élevé sa fille dans un abri en Finlande et l’entraîne chaque jour à lutter pour sa survie. Dans la dernière au contraire, c’est elle qui est devenue la proie des hommes. Contre toute attente, au paroxysme d’une lutte sordide avec l’hyper-cruelle Marissa Wiegler, un renne surgit de nouveau, mais cette fois (on s’en doutait un peu) sa présence n’a plus la même signification. Car en découvrant sa véritable identité, la jeune fille s’est réconciliée avec sa nature animale : celle-ci lui est devenue plus familière et moins menaçante.
A l’issue des deux heures un peu longues de ce film d’action, la candide et cruelle Hanna aura ainsi découvert en elle la présence de ce même "coeur" qu’elle manque inévitablement chez ses cibles (leitmotiv du film, la phrase I just missed your heart). Inutile d’épiloguer sur les réserves que peut inspirer le discours de fond : l’intrigue ne s’y prête guère. On notera seulement que dans sa quête des origines, l’héroïne va jusqu’à nier son histoire individuelle et nourrir un désir de vengeance animal pour lequel le film entretient une fascination troublante, quasi cynique, et qu’il nous invite partager sans vraiment de distance, ce qui laisse sceptique quant à l’inscription du long-métrage dans une tradition humaniste que celui-ci affiche par ailleurs (référence omniprésente à l’univers du conte).
Joe Wright, connu pour une adaptation impersonnelle mais bien accueillie par la critique d’Orgueil et Préjugés fait preuve d’un talent certain pour la mise en scène. C’est incontestablement le point fort d’Hanna, qui assume parfois avec panache ses allures de clip dégénéré, par exemple lorsque la jeune fille s’échappe de la base, au début du film, ou lorsqu’elle est poursuivie par Isaacs, l’acolyte pervers de Marissa (belle course-poursuite au milieu du labyrinthe formé par les conteneurs). Saoirse Ronan, actrice au potentiel gigantesque mais trop souvent malmenée par des réalisateurs soucieux d’en faire un nouvel avatar de la baby-doll angélique et pétrie d’innocence - songeons au désastreux Lovely Bones - trouve ici un rôle sans surprise mais séduisant, qui compense du moins les nombreuses faiblesses de l’intrigue.
Celle-ci finit par manquer de rythme à force de cultiver l’invraisemblance. On a vraiment du mal à croire à l’histoire de ces deux êtres isolés au fin fond de la Finlande et qui, suite au déclenchement d’un boîtier électronique, se retrouvent contraints d’accomplir une mission des plus étranges. Les personnages, au demeurant bien campés - surtout Cate Blanchett, même si ce rôle de méchante n’est pas vraiment un défi pour elle - sont schématiques et n’ajoutent guère de nuance à une trame déjà bien manichéenne. Passons sur leur capacité à endurer toutes sortes de sévices : c’est peut-être un gage que le spectateur doit payer à sa croyance dans tout film d’action. Mais le procédé frôle ici la caricature, avec son lot d’arbalètes à la mode médiévale, son attirail de flingues et de barres de fer en tous genres, qui sonnent légèrement faux au regard du réalisme de l’ensemble
Ceci étant dit, Hanna se laisse apprécier si l’on accepte de le voir comme un film de genre. C’est d’ailleurs l’orientation très nette que lui confèrent son atmosphère de conte et son humour "second degré". On regrettera que la cruauté du petit jeu n’ait pas été poussée encore plus loin, quitte à user davantage des clichés et à délaisser les maladresses du réalisme psychologique qui, dans le contexte, ne trouvent pas leur place. L’ensemble y aurait gagné en fluidité et perdu en lourdeur. A défaut d’être enthousiaste, on ressort du film avec en tête une B.O. entraînante (composée par les Chemical Brothers) et l’impression d’avoir vu un divertissement aussi tapageur qu’efficace.
La bande-annonce :ICI
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Jujulcactus 30 juillet 2011
Hanna - la critique
Film d’action qui se démarque des productions ordinaires, « Hanna » repose déjà sur deux femmes, possède une sous-intrigue proche de la science fiction (question de modifications génétiques), et communique une volonté de s’inscrire dans un monde réaliste. Joe Wright y met une énergie folle, réalisation très nerveuse et (bonne) BO envahissante, pour malheureusement peu d’effet, on a plus l’impression que c’est du travail de surexcité, à l’image d’une héroïne qui cours dans tous les sens d’un bout à l’autre du film. Tout du long, on sent que le film cache une certaine complexité, mais elle est toujours gardée en second plan, laissant bon nombre de questions sans réponses et prenant des chemins scénaristiques un peu faciles. Si le début était prometteur, le film perd beaucoup de son intérêt à multiplier les longues courses effrénées, les décors singuliers (désert, parc d’attraction, conteneurs, maison sous la neige...) et la fin confirme la petite déception. Par contre énorme performance à mettre au crédit de Cate Blanchett, impériale, dans le rôle du méchant loup, elle éclipse presque Saoirse Roinan qui assume quand même plutôt bien d’être pour la deuxième fois de sa carrière la tête d’affiche. Un film assez prenant mais oubliable.
Frédéric Mignard 11 novembre 2011
Hanna - la critique
Un pur délire d’artiste technicien, qui ne va jamais là où on l’attend, pour laisser poindre une authentique touche d’humanité dans un univers de conte glacé. Et puis avec les Chemical Brothers en fond sonore, l’impression de gigantesque clip vidéo devient un concept franchement jouissif.