Le 31 août 2018
À travers ce portrait entre humour et émotion, Alex Lutz signe une partition sans fausse note.
- Réalisateur : Alex Lutz
- Acteurs : Élodie Bouchez, Marina Hands, Pascale Arbillot, Nicole Calfan, Alex Lutz, David Salles, Brigitte Roüan, Dani, Bruno Sanches, Tom Dingler, Sarah Suco
- Genre : Comédie, Documenteur / Found-footage
- Nationalité : Français
- Distributeur : Apollo Films
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 26 janvier 2024 23:00
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 29 août 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, Semaine de la Critique 2018
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Résumé : Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu’il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.
Critique : Alex Lutz a décidément bien des cordes à son arc. Surtout connu pour ses one-man-show délirants face à des salles combles ou pour son interprétation humoristique et fardée de Catherine du duo Catherine et Liliane de Canal+, il a fait l’acteur dans OSS 117 et Les aventures de Spirou et Fantasio et s’est également essayé à la mise en scène théâtrale, puis à la réalisation cinématographique il y a trois ans avec Le talent de mes amis. Il revient cette fois derrière et devant la caméra se glisser dans la peau (distendue) d’un chanteur démodé dont l’authenticité est telle que l’on jurerait avoir croisé dans les année yé-yé cet artiste de variétés à mi chemin entre le bougon Sardou et le séducteur Franck Michaël.
Outre une chevelure soigneusement blanchie et un maquillage impressionnant (que l’on doit au talent du tandem Laetitia Quillery/Grégory Felley et qui lui valurent 5 heures de transformation quotidiennes) incluant tavelures de la peau, rides et peau détendue jusque sur les mains, Alex Lutz restitue avec un sens minutieux du détail les caractéristiques de son héros vieillissant, pivot central de ce faux documentaire auquel on se laisse prendre sans difficultés : un phrasé hésitant, une démarche peu assurée et quelques regards hagards que la caméra filme en gros plans pour accentuer l’aspect pathétique du vieil homme.
- Copyright Apollo Films
Le récit aurait alors pu se contenter de dessiner les contours d’une comédie banale uniquement destinée à se moquer de ce cabot ringard dévoré par la prétention de vouloir briller encore et toujours. Guy a chanté l’amour mais n’a pas honte de ses chansons un peu mièvres que le public reprend avec lui. Ce qui ne l’empêche pas de posséder quelques vinyles de Cat Stevens. Il a apprécié cette vie facile qui autorise, entre autres, de bénéficier le soir venu de galantes compagnies sans trop d’efforts et aime encore pouvoir bénéficier de quelques prérogatives de star. Pourtant, la rencontre inopinée avec Gauthier (qui n’existe qu’à travers la voix off et que l’on ne découvre qu’à la toute fin du film) lui donne une nouvelle impulsion et fait éclater au grand jour cette part d’humanité que sa vie d’idole autrefois adulée lui avait fait oublier.
- Copyright Apollo Films
S’appuyant sur un scénario tout en finesse propre à éviter le risque de caricature, Lutz entend bien affiner son regard sur cet homme bien plus lucide qu’il n’y paraît sur le monde qui l’entoure et sur lui-même. De galas – un terme aujourd’hui désuet et transformé en concerts – donnés dans les coins perdus de la France profonde aux plateaux télé en passant par la redécouverte d’émissions de variétés à tout jamais disparues des petits écrans, il nous ouvre, entre tendresse et mélancolie les portes de l’univers d’un homme ni tout à fait désabusé ni tout à fait mélancolique mais surtout tendre, drôle et touchant et crée ainsi, sur fond de nostalgie d’un monde désormais révolu, une alternance émotionnelle parfaite pour serrer agréablement le cœur des spectateurs. Pour parfaire cette réjouissante mélodie, il ne manque pas de s’entourer de seconds rôles (presque exclusivement féminins) tout à fait convaincants, parmi lesquelles Pascale Arbillot attachante dans le rôle de sa compagne au caractère nécessairement bien trempé, Nicole Calfan en attachée de presse plus vraie que nature, pendant qu’Elodie Bouchez et Dani (qui lui permet de nous laisser la primeur de ses talents de chanteur grâce au trio improvisé avec Julien Clerc) endossent le rôle de son ex-compagne à deux âges de la vie.
Quand la dernière note retentit, il reste le bonheur d’avoir assisté à une sonate au charme suranné sur le temps qui passe, la cruauté de la célébrité et en filigrane la relation père/fils.
– Semaine de la Critique Cannes 2018
- Copyright Apollo Films
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