Le 4 juillet 2023
Le nouveau film d’Alex Lutz se perd dans des facilités scénaristiques et un bavardage d’un autre temps. Une œuvre décevante.


- Réalisateur : Alex Lutz
- Acteurs : Karin Viard, Nicole Calfan, Alex Lutz, Kenza Fortas , Jérôme Pouly, Noémie de Lattre
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Universal - StudioCanal, StudioCanal
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 19 mai 2024 22:48
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 5 juillet 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023

L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, Un Certain Regard, clôture
Résumé : Paris, métro bondé, un soir comme les autres. Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton.La nuit, désormais, leur appartient. Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?
Critique : Une nuit est le troisième long-métrage d’Alex Lutz au cinéma. Il s’essaye ici à un genre très français, celui d’un couple qui se rencontre dans un métro bondé et se perd pendant une nuit dans des échanges narcissiques et vains sur l’état de leur vie de couple respective. Voilà donc encore un film, parisiano-centré, qui va tenter de débrouiller les fils complexes du couple moderne, à coup de conversations interminables, de pleurnicheries et de franches rigolades, en plein cœur de la capitale où, manifestement, il est aisé de se faire inviter à des soirées privées, se faire offrir du champagne dans des clubs libertins ou dîner à l’œil dans un restaurant.
- Copyright Marie-Camille Orlando
Le ton est donné. Une nuit ne fonctionne pas. D’ailleurs, dès les premières séquences, on perçoit déjà l’issue de cette balade nocturne où deux personnages, bourgeois, parents de deux enfants chacun, se prennent au jeu d’une rencontre qui ne devrait pas durer théoriquement plus d’une nuit. Mais les deux protagonistes ne parviennent pas à se quitter et c’est forts de cet attachement qui s’installe entre eux qu’ils déambulent dans la capitale sans jamais parvenir à se dire au revoir. Alex Lutz et Karine Viard ne déméritent jamais dans leur rôle. Ils assument parfaitement ces deux personnages caustiques, compliqués et névrosés, dans des dialogues parfois drôles, mais souvent très pompeux. On ne parvient jamais à cerner si les quelques évènements agaçants qui leur arrivent comme la perte de leurs vêtements, de tout moyen de paiement et même de leurs téléphones dans la Seine sont de l’ordre de l’anecdote ou de l’opportunité à mettre en question leur existence bourgeoise.
- Copyright Marie-Camille Orlando
Le film n’est pas proprement ennuyeux. Il est surtout très brouillon et peu crédible. Certes, il faut saluer le montage plutôt ingénieux qui mélange habilement les temporalités. De même, l’attention portée aux corps, aux mains, aux gestes est très agréable à regarder. Mais l’intérêt esthétique du long-métrage ne parvient pas à supplanter le caractère rébarbatif de ces dialogues stériles qui préparent à un dénouement que l’on pressent dès les premiers essoufflements de Nathalie. Du coup, ces deux personnages deviennent un peu la caricature d’eux-mêmes dans un Paris interlope, où l’on passe en l’espace de quelques minutes des bords de Seine en aux tréfonds prostitutionnels du Bois de Boulogne.
- Copyright Marie-Camille Orlando
Une nuit ne nous aura pas séduits. Là où Guy était follement attachant, le film se perd dans des longueurs et des la langueurs inutiles dignes d’un genre théâtral verbeux d’un autre temps. Si la prestation des comédiens sauve l’intérêt du long-métrage, elle n’est pas suffisante pour capter l’attention du spectateur jusqu’au bout de cette une heure trente qui en paraît deux de plus.
- © Studiocanal