Avant d’avoir été un film porté par John Travolta et Olivia Newton-John en 1978, Grease fut une comédie musicale américaine à grand succès créée en 1971 au Kingston Mines Théâtre de Chicago. Présentée à partir du 14 février 1972 à l’Eden Theatre (off-Broadway), le spectacle est ensuite joué jusqu’en 1980, avec 3 388 représentations, ce qui constitue alors un record de longévité à Broadway (battu plus tard par A Chorus Line), et il récolta 7 Tony Awards dans la foulée.
Le musical débarque pour la première fois à Paris, au théâtre Mogador, un an après l’incendie qui empêcha la tenue, à la dernière minute, du Fantôme de l’Opéra et qui nécessita de considérables travaux.

Photo : Alessandro Pinna

Pour l’occasion, 8 musiciens jouent en live, accompagnant pas moins de 28 comédiens exceptionnels, qui passent par 40 changements de décors et 200 costumes différents ! On retrouve toutes les chansons cultes du film en français pour la plupart et/ou en anglais : les traductions des textes sont réussies et la langue française s’allie plutôt bien à la musique de Jim Jacobs et Warren Casey.
Alyzée Lalande (Sandy), rentre parfaitement dans le rôle de Sandy et ce n’est pas une mince affaire que de se mesurer à ce qu’il nous reste en tête de la combinaison noire ultra moulante que portait Olivia Newton-John à la fin du film ! La discrète Fleur-de-Lys de la production 2016 de Notre Dame de Paris déploie une voix tour à tour suave et puissante pour notre plus grand bonheur.
Alexis Loizon (Dany) l’assume ouvertement, John Travolta était son idole, et son mimétisme est surprenant. Outre la ressemblance physique avec l’acteur, Alexis a tous les dons : chanter, danser, faire des acrobaties, jouer de son corps à toutes les sauces (burger bien sûr).
A l’aise dans les scènes glamour, autant que dans les comiques quand il relève le défi d’aller prendre des cours de sport pour plaire à sa belle… en Perfecto et clope au bec...

Photo : Alessandro Pinna

Et côté humour, on est largement servi tel un milk-shake que l’on siroterait sans fin, à la paille… Miss Lynch, incarnée par Céline Groussard, nous fait glousser à chacune de ses apparitions et réussit le tour de force de le faire souvent sans même avoir le temps de dire son texte. Tout comme Alexandre Faitrouni dans le rôle de son élève assistant (Eugène), que l’on avait remarqué dans 31 avec un rôle plus sérieux à la Comédie des Champs-Elysées début 2017.
Tous les grands tubes sont là, remarquablement interprétés : Summer nights (Tell me more) en tout début de séance, dont seul le couplet a été conservé en anglais – Freddy, my love par Sarah Manese (Marty), It’s raining on prom night par Alyzée Lalande (Sandy) sous une lune triste, Beauty school dropout que l’on attend comme le messie, avec sa star has-been (Teen angel par Sébastien Lemoine) tout droit descendu du ciel, accompagné de ses girls en robes nuage ambiance Chamallow, chanson satirique sur l’échec d’une jeune fille en apprentissage incarnée par Florie Sourice (Frenchy).

Photo : Alessandro Pinna

Pétillant, acidulé, décalé, « electrifying », la comédie Grease, plus légère que le film, est un voyage sirupeux dans le temps à bord d’une Cadillac imaginaire vichy rose pastel… Un bond dans le passé, dans un monde brillantiné et en super vinyle, témoignage sociologique d’un univers populaire du début des années 60, bien plus émouvant et profond qu’on ne pourrait l’imaginer !
En espérant que vous allez désormais modifier les paroles du célèbre air « you’re the one that I want » par « The show that I want …. to seeeeee, ho yes it’s Greaaaaaase !! »

Photo : Alessandro Pinna