Le 30 juin 2019
Fatih Akin s’est égaré dans une démonstration morbide, à la limite du supportable, de ce que l’humanité peut donner à voir de pire. On suit péniblement cet exercice de style, en s’interrogeant sur les motivations du cinéaste à succomber à tant de complaisance.


- Réalisateur : Fatih Akin
- Acteurs : Marc Hosemann, Jonas Dassler, Katja Studt
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h50
- Titre original : Der Goldene Handschuh
- Date de sortie : 26 juin 2019

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Résumé : Hambourg, années 70. Au premier abord, Fritz Honka, n’est qu’un pitoyable looser. Cet homme à la gueule cassée traîne la nuit dans un bar miteux de son quartier, le « Gant d’or » (« Golden Glove »), à la recherche de femmes seules. Les habitués ne soupçonnent pas que Honka, en apparence inoffensif, est un véritable monstre.
Notre avis : C’est un homme alcoolique et impuissant, un homme moche de l’intérieur comme de l’extérieur. Le café où il se perd tous les jours porte le titre du film Der Goldene Handschuh ; il y retrouve des femmes dévorées par l’âge et les alcools durs, au milieu de piliers de comptoir tout aussi désespérés que désespérants. Même une représentante de l’Armée du Salut n’est pas en capacité de sauver ces gens, plus proches de l’épave que de l’humanité. Il s’appelle Fritz Honka. Le film se passe dans les années 70 et l’on sait que ce psychopathe notoire finira par défrayer la chronique, à cause de ses crimes odieux de pauvres femmes prostituées.
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Fatih Akin ne lésine pas sur les images et la mise en scène. Bien sûr, ce dangereux criminel interprété par, il faut en convenir, un Jonas Dassler absolument formidable, ressemble à une sorte de marionnette claudicante, dont on perçoit dans le regard des abimes de cruauté et de niaiserie. Les victimes qu’il assassine sauvagement dégoulinent de gras et de schnaps. Le cinéaste filme tous les détails de ses crimes qui, heureusement pour les pauvres femmes, échappent au viol. Le spectateur peut y voir une volonté de théâtralisation de l’horreur. Néanmoins, il faut s’accrocher à son fauteuil pour regarder pendant presque deux heures, ce prédateur rôder autour de ses victimes avant de les tuer. S’agit-il d’ironie ? Difficile de le savoir tant la mise en scène penche délibérément du côté de l’épouvante. Difficile aussi de se dire que cet odieux personnage a pu commettre autant de meurtres, dans le silence assourdissant de ses voisins, pourtant incommodés par l’inévitable odeur de mort.
- Copyright Warner Bros, 2019
Le film dépeint une Allemagne malade de son histoire. On comprend, à travers ces portraits désespérés, que ces gens continuent de régler leurs comptes avec un passé qui a été cruel et douloureux. Les dialogues résonnent vulgairement, à l’instar de ces visages totalement défigurés par l’alcool et la douleur. On peut imaginer que des spectateurs trouveront du comique dans cette galerie de personnages glauques. Nous, on a ressenti du dégoût.
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