Get Out - Jordan Peele - critique

Critique : Avec ce premier long métrage, Jordan Peele renouvelle le film horrifique américain, en lui donnant une dimension réellement politique, qui sonde l’inconscient de la société états-unienne, revendiquant une nette filiation avec le cinéma de George Romero. La belle famille aisée que rencontre Chris présente des signes rassurants de progressisme, qu’illustre un premier repas offert par les hôtes du jeune couple, dans l’immense propriété de ces bourgeois "Obama compatibles". Mais la bienveillance avec laquelle ces parents accortes parent leurs discours, trop polis pour être honnêtes, ne résiste pas aux phénomènes de plus en plus étranges qui adviennent dans cette soi-disante maison du bonheur. Une première séance d’hypnose, visuellement impressionnante, filmée comme un cauchemar psychédélique, apprend à Chris le sort qui lui sera réservé, où la caution scientifique donnée à d’horribles expériences nous ramène sur les terres du nazisme, qui croiserait une sorte de discours New Age d’évangélistes américains, intimement persuadés d’une supériorité de la "race blanche".
L’horreur vécue par ce jeune Noir est esquissée par la condition des domestiques, d’une semblable couleur, le film prenant, dans sa deuxième moitié, la structure du classique d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, Les chasses du comte Zaroff, en organisant la traque du beau-fils comme celle d’un gibier à récupérer. Si la course-poursuite s’étire et ne se dispense pas d’effets plus sanguinolents, la conclusion se veut une réponse radicale à une agression, qui existe en autant d’exemplaires que les photos des petits amis de Rose, découvertes par Chris.
Sorti juste après l’élection à la présidence américaine d’un candidat richissime, salué par le Ku Klux Klan, Get Out est une métaphore implacable, que vient soutenir un vrai sens de la mise en scène.