The Godfather of Soul
Le 30 juillet 2015
La mode du biopic ne se dément pas à Hollywood, toujours friand des destinées exceptionnelles comme celle de James Brown.
- Réalisateur : Tate Taylor
- Acteurs : Dan Aykroyd, Viola Davis, Octavia Spencer, Chadwick Boseman, Jill Scott, Nelsan Ellis
- Genre : Biopic, Musical
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 2h19mn
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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Sortie DVD & blu-ray : le 27 janvier 2015
La vie de James Brown est transposée sur grand écran, de son enfance pauvre à ses derniers concerts, par un réalisateur qui s’est donné pour mission de nous révéler tout le génie de l’artiste, loin du caractère difficile de l’homme.
L’argument : Vous le connaissez sous de nombreux pseudonymes : "Monsieur dynamite", "Le parrain de la soul", "Le travailleur le plus acharné du show business". Préparez-vous à découvrir l’homme derrière la légende. Né dans une grande pauvreté en Caroline du Sud, au beau milieu de la grande dépression, en 1933, James Brown a survécu à une jeunesse émaillée d’abandon, d’abus sexuel, d’écoles de redressement et de prison. Personne ne lui a jamais appris les règles du jeu. Il était destiné à les briser. De son expérience de boxeur amateur ou de chanteur de rue, il a su canaliser chaque coup dur en un rythme qui se fit l’écho de sa rage de vivre. Il est devenu un des interprètes les plus influents qui marquèrent la scène soul ou funk, et l’artiste le plus samplé de l’histoire continue d’inspirer la plupart des artistes reconnus aujourd’hui.
{{© Universal Pictures International Spain}}Notre avis : Le succès de La Couleur des sentiments a donné des ailes au réalisateur Tate Taylor qui, s’entourant de producteurs tels que Mick Jagger, s’attaque ici à un monument de la musique mondiale pour son premier biopic. C’est un euphémisme de dire qu’il s’agit quasiment d’un exploit, et qu’il lui a fallu s’armer de courage et de patience, tant le chemin fut semé d’embuches. Entre le cinéaste Spike Lee qui voulait se charger personnellement d’évoquer au cinéma le Parrain de la Soul, la famille du chanteur qui se dispute encore l’héritage (et donc les droits de cet opus) ou encore la lourde tâche de trouver l’acteur qui prêtera ses traits à celui qui est encore considéré comme l’un des plus grands artistes de tous les temps, il lui a fallu bien de la persévérance.
{{© Universal Pictures International Spain}}Choisir la mise en scène est venu plus tardivement, lorsqu’il a fallu décider comment intégrer des images d’archives (mais pas trop), parler des addictions du chanteur (avec modération) tout en exposant davantage l’artiste que l’homme (ce film nous montre que non, ce n’est pas la même chose). En ce sens, le premier quart d’heure résume à lui seul tout le long-métrage, puisqu’il montre le créateur génial tout en évoquant avec parcimonie ses problèmes d’alcool. Dommage que le reste du film n’ait pas suivi ce schéma et soit tombé tout de suite après dans un récit chronologique sans grande originalité.
Reste tout de même le plaisir de contempler un film musical qui retrace le parcours épatant d’un artiste noir en pleine ségrégation.
{{© Universal Pictures International Spain}}
Fort consensuel, le film pèche surtout parce qu’il oriente trop notre pensée, et de manière guère subtile. Le fait que James Brown était un génie (pour citer le personnage lui-même et toute la galerie de seconds rôles, qui ont entretenu chacun leur tour sa confiance en lui) est répété, rabâché, au point que ses problèmes personnels, qui ont forcément eu des répercussions sur sa carrière, sont passés au second plan de façon volontaire. Des scènes très courtes, qui se noient dans l’ensemble, évoquent rapidement ses problèmes avec le Fisc, sa mauvaise habitude de frapper sa femme, son caractère acerbe et insatiable et le manque de respect qu’il témoignait à ses collaborateurs. Le seul enjeu du film semble être que le public comprenne et assimile bien que tout cela n’a pas grande importance, car James Brown était un génie absolu. Le parti pris passe malheureusement assez mal…
{{© Universal Pictures International Spain}}Le portrait qui en découle est malgré tout criant de vérité, notamment grâce aux passages sur son enfance et sa lente ascension. Avant de montrer ses talents d’auteur, de compositeur et d’interprète, Tate Taylor s’est attaché à évoquer ses fragilités et ses souffrances. Dans ce portrait trop orienté, c’est ce qui rend James Brown humain et attachant.
Un biopic ne serait rien sans son interprète principal. Chadwick Boseman prête ses traits à un Mister Dynamite magnétique. Voix, pas de danse, démarche, coiffure… L’acteur vit le rôle sans chercher forcément à imiter. Le travail colossal qu’il a réalisé permet de rendre un hommage criant et musical à un homme qui a marqué sa génération.
{{© Universal Pictures International Spain}}L’impressionnante galerie de seconds rôles n’est pas en reste, à commencer par Viola Davis et Octavia Spencer, que Tate Taylor avait déjà dirigées dans La couleur des sentiments. Face à elles, Nelsan Ellis tire son épingle du jeu. Remarquable en musicien de l’ombre et ami de toujours d’un James Brown ingrat, il attire la lumière sur lui dans le rôle d’un artiste laissé de côté et inconnu du grand public. Le film rend un véritable hommage à sa relation avec le chanteur et lui permet de livrer une partition impeccable et touchante. Une des grandes thématiques du film est justement les relations amicales et amoureuses autour de ces artistes adulés de tous. Il semble bien difficile d’avoir une vie normale tout en étant une véritable star…
{{© Universal Pictures International Spain}}
Reste la musique, entre funk et soul, concerts et enregistrements, où James Brown excelle et prend vie sur grand écran pour le bonheur des mélomanes et des amateurs de black music. Comment ne pas vibrer sur son fauteuil en entendant des tubes tels que It’s a Man’s Man’s Man’s World, Sex Machine ou encore Papa’s got a brand new bag ? Voir ce film permet avant tout de resituer un artiste colossal dans son temps, avant que Michael Jackson ne s’inspire de ses pas de danse, tout en se disant que ce garçon pauvre originaire de Caroline du Sud avait décidément tout compris.
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