Huis clos au large
Le 8 janvier 2012
Sans renier ses origines théâtrales le dernier film muet de Grémillon, huis clos intense dans un phare, manifeste de manière éblouissante le génie visuel et musical du cinéaste.
- Réalisateur : Jean Grémillon
- Acteurs : Génica Athanasiou, Geymond Vital
- Genre : Drame
- Durée : 1h 06mn
- Date de sortie : 25 septembre 1929
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– Interprètes : Paul Fromet, Gabrielle Fontan, Maria Fromet
Sans renier ses origines théâtrales le dernier film muet de Grémillon, huis clos intense dans un phare, manifeste de manière éblouissante le génie visuel et musical du cinéaste.
L’argument : Un gardien de phare et son fils sont bloqués par la tempête dans un phare au large de la Bretagne. Le fils est atteint par la rage.
- Geymond Vital - Gardiens de phare
Notre avis : La pièce en un acte Gardiens de phare de Paul Cloquemin et Paul Autier a été créée le 8 mars 1905 au Théâtre du Grand Guignol et c’est la Société des Films du Grand Guignol qui produit en 1928-29 ce deuxième long-métrage de Jean Grémillon (après Maldonne).
On reconnaît, dans le scénario que Jacques Feyder a tiré de la pièce, les ingrédients et les ressorts caractéristiques de ce répertoire destiné à un public populaire (mais aussi bourgeois) avide d’émotions fortes et qui recyclait aussi bien les théories du naturalisme que les découvertes de la médecine et de la psychanalyse pour mettre en scène, à grand renfort d’effets spectaculaires, voire horrifiques, des situations paroxystiques à l’issue souvent macabre et sanguinolente .
L’art de Jean Grémillon est à priori très éloigné de cet univers mais la détresse de ses personnages coupés du monde fascine à l’évidence le cinéaste qui assume totalement le caractère exacerbé de ce huis clos entre un père et son fils rendu fou par la rage. Il se garde certes de trop souligner les articulations dramatiques et évite les effets grand guignolesques mais sait faire naître une véritable tension en s’appuyant sur des acteurs impressionnants de présence brute, de concentration hallucinée, et en opposant les admirables décors géométriques conçus par André Barsacq pour l’intérieur du phare (aux Studios de Billancourt) à l’immensité de la mer.
- Gardiens de phare - Geymond Vital
- Gardiens de phare
Celle-ci est un personnage à part entière et la force documentaire de tous les plans filmés dans le Finistère donnent à l’ensemble une authenticité qui dépasse le côté légèrement folklorique de certains éléments (coiffes et danses bretonnes). Car Grémillon est bien plus proche de Jean Epstein que du L’herbier de L’homme du large et ses recherches formelles avant-gardistes ne tombent jamais dans la gratuité décorative ou dans la redondance que n’évite pas toujours ce dernier.
Le film, photographié par le grand George Périnal (et Jean Jouannetaud) , est pourtant visuellement éblouissant avec ses intenses ballets de lumière, ses irisations et miroitements. Mais son formalisme est transcendé par la musique. Car si la partition originale de Roland Manuel est perdue Gardiens de phare regorge d’effets sonores et Grémillon, l’élève de Vincent d’indy, fait respirer chaque plan d’une pulsation rythmique, d’une véritable vie organique qui confirment qu’il est bien le plus musicien des cinéastes français.
Paul Fromet reprit, à partir du mois d’août 1928, le rôle du père Bréhan, tenu au départ par Gilbert Dalleu. Celui-ci avait été blessé dans un accident de voiture lors du tournage des premières scènes en extérieur à Port-Blanc près de Saint-Brieuc en avril 1928.
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