Notre avis : Si il y a toujours des ressorts théâtraux dans un exposé oral, qu’il soit philosophique, politique, pédagogique...il est plus rare qu’un exposé de pensées fasse spectacle. C’est pourtant ce que nous propose la jeune et loquace, Pamina de Coulon, qui est à l’essai parlé ce que Pamela Anderson est à Alerte à Malibu. A très grande vitesse, avec l’empressement de quelqu’un qui ne sait pas si il pourra entièrement se faire comprendre si il n’a pas tout dit ou qui prend le risque de tout dire même si il n’est pas entièrement compris, elle enchaîne, telle la salle des machines surchauffée du titanic (elle est fan de naufrage), une traversée de ses lectures, de ses échanges entre copines, de ses indignations jusque dans les profondeurs abyssales de l’océan. Est-ce une introspective ? Fusion de l’introspection et de la perspective, le format du spectacle nous est aussi étranger que certains organismes bioluminescents des grands-fonds. Même en apnée, Pamina illumine pourtant son monde, et nous fait réfléchir sur de nombreux sujets, notamment sur les migrations de population, échouées sur nos côtes, qui sont vécues dans un racisme honteux comme des pollutions de marées noires alors quelles devraient susciter notre regain d’attention et d’accueil. Elle nous parle de sa maladie, de géologie, d’histoire, de poésie, de jalousie enfantine, de politique, de sa mère, de la mer (où est le père ? Sur la terre ?) de son gloubiboulga à elle pour résumer les choses en un mot.
En jean, pull et basket, assise, telle une naïade sur un rocher en pâte Fimo gris et devant un patchwork de moquette bleue symbolisant la mer, elle étale sous nos yeux sa pêche aux idées de fond. C’est moderne ! Mo ! Derne ! Mais si c’est un spectacle, ne confie-t-elle pas trop d’importance à l’expression des idées en taisant celle des émotions ?
Les cristaux ont souvent un aspect extérieur gris et informe protégeant en leur cœur de brillantes pierres colorées. Au-delà des apparences, Pamina revendique dans ce spectacle le fruit de sa cristallisation contenue dans une devise qu’elle a peinte sur une banderole d’un défilé revendicatif (mais avec des paillettes) : "s’asseoir dans l’abysse avec les vaincues en solidarité". On peut traduire par : partager aussi de la loose parce qu’on est pas que des super-héros ! C’est bon à rappeler dans cette époque qui fait la promotion de gagnants-win-win-mais-quoi, toujours plus forts, toujours plus égoïstes, toujours plus-plus, mais que l’expérience normale de nos vies dément, naturellement...
Faisons confiance au temps, pour, qu’à l’occasion de son prochain spectacle, elle remonte à la surface, grimpe aux montagnes puis s’élève dans l’éther pour nous faire respirer son exploration atmosphérique.