Fedora - le test blu ray

Quelque part entre Sunset Boulevard, All about Eve et Les chaussons rouges, Billy Wilder signe un film testament âpre et désabusé, réquisitoire cinglant contre le star system annonçant la chute de toute une époque.

L’argument : Un producteur américain tente de convaincre une star légendaire à la retraite, Fedora, d’effectuer un comeback retentissant.

La grande actrice Fedora se voit remettre un Oscar d’honneur par l’illustre Henry Fonda

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Avant dernier film de Billy Wilder, génial réalisateur de Certains l’aiment chaud, du Poison et de l’inégalable Sunset Boulevard, Fedora agit sur le spectateur comme une mimesis cinématographique complexe de la pensée d’un metteur en scène qui voit s’envoler les rêves d’une époque déjà révolue. Longtemps dans l’ombre de Sunset Boulevard, dont il épouse le thème sans toutefois parvenir à recouvrer intégralement la verve et la puissance d’évocation, Fedora n’en reste pas moins une oeuvre majeure injustement méconnue, reflet des préoccupations de Billy Wilder sur l’avenir d’un cinéma où il ne semble plus avoir sa place.
Fedora, véritable réincarnation du passé glorieux de Gloria Swanson superbement interprétée par la radieuse Marthe Keller, est un personnage trouble et envoûtant tout entier mû par un désir d’éternité, symbole d’un monde ancien qui n’a désormais plus de raison d’exister mais qui restera gravé dans toutes les mémoires. Entre duperie, faux semblants et crise identitaire, le tout englobé par une réalisation virtuose, des décors à couper le souffle et une photographie racée, Fedora s’impose à nous, plus de quarante ans après sa sortie, avec une évidence marquée du sceau de la fascination.

La critique : ICI

Fedora : jaquette du DVD et Blu ray

© Carlotta Films

Les suppléments :

Côté suppléments, on est vernis. Comme Carlotta ne fait pas les choses à moitié, le film est accompagné d’un passionnant documentaire de Robert Fischer (Le Chant du Cygne, 87 mn) revenant sur la genèse et le tournage de ce mythe cinématographique qu’est Fedora et la place particulière qu’il occupe dans la carrière de Billy Wilder. De nombreux intervenants nous font partager leurs impressions et anecdotes sur le film, dont Marthe Keller herself, l’acteur Michael York et le directeur de la photographie Gerry Fisher. On aurait juste aimé que le petit document (5 mn) présentant la restauration de l’oeuvre soit un peu plus conséquent.

L’image :

Le master haute définition permet d’apprécier à sa juste valeur le travail sur le contraste ombre/ lumière -le tombeau de Fedora par exemple devient un véritable tableau- et offre une incroyable qualité de détails, principalement dans les séquences en intérieur. La profondeur de champ dans la villa de Fedora est parfois vertigineuse et rend compte des moindres recoins de ce lieu à l’immensité glacée. Quant aux couleurs, l’équipe technique semble s’être attachée à faire ressortir leur éclat pour montrer faste et décadence de la vie de l’actrice tout en travaillant avec intelligence sur une palette de couleurs quasi pastelle lors du retour au présent. Enfin, le léger grain en début et fin de film, très appréciable, introduit cette atmosphère quelque peu surannée qui colle si bien au propos.

Le son :

Le DTS HD Master Audio 1.0 offre une qualité d’écoute irréprochable. Les dialogues sont puissants et cristallins, le mixage est parfait et la musique de Miklos Rosza emplit l’espace. Notons aussi le soin apporté à des bruitages qui renforcent le caractère oppressant du film. Quand le glas sonne ou que le "tchoutchou" du train prend en charge les suppliques de Fedora, les bruits ambiants prennent une ampleur sans précédent et plongent d’autant mieux le spectateur au cœur de ce tragique récit.
Deux pistes disponibles, en français et en VOST (tellement plus évocatrice).