Faux amis - la critique du film

L’argument : C’est Noël à Wichita, Kansas, et ça caille rude. Charlie, un avocat véreux, et son associé, le dur à cuire Vic Cavanaugh, viennent de dérober deux millions de dollars au roi de la pègre de Kansas City. Reste à Charlie une nuit à tenir avant de mettre les bouts à jamais. Il va falloir rester discret...

Notre avis : Voici une comédie de plus à ranger dans la catégorie des lointains cousins du Fargo des frères Coen : à savoir un bled de ploucs enneigé, un pactole, et comment s’y mettre jusqu’au cou. Le tout servi par une bande de personnages plus ou moins à la masse, imbibés, avides d’argent et de jolies femmes. Si ici les enjeux de départ ne sont pas franchement drôles - un vol à facteur risque très lourd, puisque Charlie a volé son propre boss, mafieux sans scrupules - ce sont les dérapages en série qui amènent du sel dans l’histoire. En effet, il faut à Charlie rester discret et faire comme si de rien n’était le temps d’une nuit - Noël - avant de mettre les bouts vers un coin plus ensoleillé. Evidemment, ça ne va pas être si simple.
Tout le charme de Faux amis (une traduction encore une fois niaise du titre original, Ice harvest, référence aux frimas de la nuit de Noël) réside dans le faux rythme de sa mise en scène et dans sa galerie de personnages caricaturaux, mais assumés avec brio. Harold Ramis, se souvenant de l’humour tout en ironie de l’excellent Jour sans fin, refait le coup du gars paumé qui peu à peu s’adapte à sa galère. Aussi, la majeure partie du film met-elle en scène les égarements nocturnes de Charlie, presque en temps réel (la totalité du film se passe en une nuit). Allant de clubs de strip-tease en routes verglacées, l’avocat, gentiment éméché, va - on s’en doutait - se faire remarquer. Ses rencontres successives avec les personnages secondaires constituent alors autant de sketchs plus ou moins réussis. Billy Bob Thornton, classieux à souhait et ambigu en associé douteux (tuera notre héros ou pas ? le faux ami du titre, c’est lui), Connie Nielsen en femme fatale (s’enfuir avec elle ?) et surtout Oliver Platt, qui vient apporter la dose burlesque, sont tous parfaits.
Malheureusement, si l’on rit parfois, si on s’attache à Charlie, si certains dialogues complètement improbables font mouche (une pub absurde pour Mercedes parcourt une scène entière du film), l’intrigue elle-même n’a pas grand intérêt, et les déboires de Charlie, ses dérapages incontrôlés, ceux de ses "amis", le faux rythme du film, en bref ce qui fait son charme, marque aussi sa limite. Faux amis demeure néanmoins une comédie sympathique, un peu bordélique et parsemée de quelques coups d’éclats.