Familystrip - la critique

Un film de famille original se métamorphose soudainement en un documentaire intimiste sur la vie des Espagnols du siècle dernier. Attachant et émouvant.

L’argument : Le jeune peintre Francisco Herrero réalise un portrait, celui de la famille du producteur et réalisateur Lluís Miñarro. La pose prend des airs de conversation intime. Elle se transforme en la mise à nu d’une famille typiquement espagnole, retraçant son histoire, du franquisme à nos jours.

Notre avis : Au départ, cela devait être un simple cadeau du réalisateur/producteur Lluís Miñarro à ses parents : leur adjoindre les services du jeune peintre Francisco Herrero pour qu’il réalise leur portrait et filmer l’intégralité des séances pour immortaliser l’évènement. Ce qui devait rester une vidéo privée, exclusivement réservée à l’usage de la famille Miñarro, s’est finalement muée en un documentaire, le cinéaste souhaitant faire connaître au plus grand nombre le récit de la vie de ses parents dont les langues s’étaient spontanément déliées au cours des séances. Il en résulte une œuvre bancale, flirtant parfois avec l’amateurisme, mais singulièrement attachante par la spontanéité qui s’en dégage.
Toujours vifs d’esprits et résolument positifs dans leurs propos, les deux parents révèlent petit à petit leurs personnalités face à l’objectif de la caméra. Jamais avares en anecdotes savoureuses, ils reviennent avec une sincérité et une simplicité désarmantes sur les grandes étapes de leurs existences, que ce soient leur rencontre, la naissance de leurs enfants ou encore la découverte de la sexualité dans une Espagne encore très puritaine. Ils reviennent aussi sur leur quotidien lors des heures sombres du Franquisme, évoquant notamment l’emprisonnement du père en camp de concentration. Des souvenirs simples finalement, comme ceux que tous les ainés de chaque famille seraient susceptibles de partager avec leurs enfants.

C’est pourtant dans cette banalité apparente que réside toute la force de cet agréable documentaire. Dans leur façon de revenir sur leur propre vie, avec tendresse et sans regret, les propos des deux personnes âgées trouvent un écho universel, miroir d’une existence simple et heureuse bâtie sur le socle d’un amour durable. Une leçon d’optimisme donc, assenée sans discours, juste par l’évocation d’une vie passée. Familystrip n’est certes pas un grand documentaire, ni un objet filmique à la forme percutante, mais une ode à la vie, simple et évidente, qui évite l’ennui grâce à sa courte durée et nous fait ressortir de la salle le cœur léger.