L’espoir
Le 14 mai 2003
Une fable futuriste où les flammes tuent la pensée. Ray Bradbury dans un roman culte aux résonances désagréablement familières.


- Auteur : Ray Bradbury
- Editeur : Folio
- Genre : Roman & fiction, Science-fiction

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Il n’y a rien dans les livres. Rien qui mérite qu’on s’y arrête. Les idées s’y entremêlent, s’opposent, se contredisent, au point qu’on finit par ne plus savoir que penser. Un même livre est capable d’affirmer une chose et son contraire. Comment s’y retrouver ? Quant à la poésie, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Des peines, des larmes, des regrets... Les livres ne peuvent apporter que le malheur et l’incertitude.
Montag en est convaincu, lui qui est pompier, un soldat du feu qui sait, lorsqu’il le faut, brandir sa lance pour déverser la flamme purifiante sur les coupables volumes que quelques fanatiques tentent encore de soustraire à la loi. Certains vont même jusqu’à s’immoler au milieu de leurs bibliothèques embrasées.
Mais un jour, Montag rencontre Clarisse. Elle lui parle du bruit du vent dans les feuilles, du goût de la pluie sur les lèvres, de son oncle qui se promène à pied. Et Montag se prend à douter. De sa vie, de ses certitudes, de son métier... Ne dit-on pas qu’il fut un temps où les pompiers éteignaient les incendies ?
Et dans ce monde idéal, ce paradis à la portée de tous, Montag croque la pomme. Il lit un livre. Et là s’ouvre à lui pour la première fois tout ce qu’il pressentait. Un monde d’humanité, de pensée, d’échange. Des hommes pour qui les idées et les textes qui les véhiculent valent plus que tout, sont tout ce qui mérite d’être transmis, d’être sauvé.
Les variations sur le thème ont été nombreuses, de 1984 au Meilleur des mondes. Ray Bradbury signe ici un roman majeur, autour de cette prise de conscience, qui, même tardive, même désespérée, est toujours la condition de la renaissance. Quand la télévision remplace la vie, quand la vie défile sur l’écran, où est la vérité, où est la réalité ? Sans doute dans l’urgence de la résistance.
Ray Bradbury, Fahrenheit 451 (traduit de l’américain par Jacques Chambon et Henri Robillot), Folio SF, 213 pages, 3,80 €
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