Le 1er février 2021
Un spectacle intimiste et bouleversant, qui est un chant d’amour, l’ode à une mère.
- Acteurs : Stéphane Brouleaux, Geoffrey Mandon, Olivier Veillon
- Durée : 1h30min
- Compositeurs : Olivier Mellano , Astérion- Contrebasse, Yoann Buffeton- Batterie, Lionel Laquerrière- Guitare et voix
- Auteur : Jean-René Lemoine
- Metteurs en scène : Alexandra Tobelaim - Olivier Thomas
- Genre : Drame intime, Spectacle concert
- Plus d'informations : Théâtre de la Tempête
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Résumé : "Face à la mère" est un chant d’amour, un poème d’adieu d’un fils à sa mère. Le fils, c’est l’auteur, Jean-René Lemoine. Sa mère a disparu tragiquement en Haïti, trois ans plus tôt, assassinée. C’est son enfance en Afrique, son adolescence en Belgique, toute son histoire qui est ici transposée, sa voix éclatée en un choeur d’hommes. Ce fils cherche à combler les manques, tout ce qu’il n’a pas su ou pas pu dire à cette mère quand elle était encore en vie, tout ce qu’il se promettait de lui dire dans un futur qui ne s’est jamais présenté. Tout se bouscule dans sa tête au fil de ce que fut sa relation ambivalente avec elle, au fil de leurs déménagements, du retour au pays natal et de ce deuil qu’il n’a pas pu faire... Mais les mots justes et éminemment lumineux pallient la souffrance et le désarroi et ne versent pas dans ce qui aurait pu être un cri de révolte. Loin de là. Avec la complicité du musicien Olivier Mellano, Alexandra Tobelaim confie ce grand poème à trois comédiens et trois musiciens mêlés au plateau, comme six choeurs de fils battant chacun pour LA Mère. Un long monologue morcelé en trois voix distinctes. La conversation avec l’absente est une tentative de réconciliation par-delà la mort, l’occasion d’une traversée de l’enfance pour mieux se retrouver.
Critique : Est-il toujours possible de parler, de créer autour de LA mère ? De l’amour ? De l’amour de LA mère ?
Question récurrente et nécessaire, s’il en est une à laquelle Jean-René Lemoine a donné dans son livre, à l’origine de la pièce, une inégalable réponse, bouleversante et tout en subtile délicatesse.
Ce texte côtoie les étoiles de la plus haute littérature jamais produite sur le thème. Les mots et les maux ont été comme "à retardement" au seuil de l’écriture, mais leur écho universel est fulgurant.
Quel est le spectateur pour lequel ne s’opérera pas une évidente catharsis ?
Dans son choix de mise en scène, Alexandra Tobelaim ne montrera pas cette mère et son seul parti pris d’un chœur d’hommes, accompagné de trois musiciens, rehausse à merveille son absence.
Photo : Gabrielle Voinot
Encore une fois, ce texte est beau. Tout simplement beau, à l’image de la mise en scène, avec un plateau au sol blanc, baigné à plusieurs reprises par une lumière crue comme dans un bloc opératoire, des tentures rappelant celles de la tragédie grecque, lesquelles, à un moment, s’écrouleront sur le sol, à la manière des six corps d’hommes présents au plateau, une composition musicale et vocale organique, un petit chemin de sable foulé par moment par les comédiens, pour mieux ressentir l’impérieuse nécessité du pays.
Nous avons pu constater ce jour-là, dans le jeu de deux comédiens, quelques fragilités fugitives, quelques hésitations. Mais un artiste n’en reste pas moins un homme et comment ne pas être bouleversé aussi par la force des mots de ce texte, à interpréter et à faire vivre ?
Photo : Gabrielle Voinot
"L’écriture de Jean-René Lemoine semble parfois sortie d’un autre temps, d’une époque révolue qui s’échoue dans la nôtre pour réveiller les mythologies nouvelles. J’y ressens une quête des sonorités sans jamais abandonner le sens".
Ce texte a été écrit quelques années après l’assassinat de la mère de l’auteur, à Haïti, en une voix unique et singulière, qui pourtant n’accorde pas à ce destin tragique une place primordiale.
Car là n’est pas l’enjeu de l’écriture, qui revêt bien au contraire des allures de non-dits à l’infinie poésie. C’est un chant d’amour. Une ode à la mère. Un choeur d’hommes sans masques, un entremêlement de sensations, de sentiments dépourvus de tout ressentiment.
Photo : Gabrielle Voinot
"Mal nommer les choses c’est participer au malheur du monde", disait Camus. Dans ce texte exceptionnel, Jean-René Lemoine a su bien nommer les choses, en scannant son âme sans esprit de revanche aucun, et en aiguisant avec brio une langue proche de la perfection.
Si, par-delà la mort, une réconciliation est possible, sublimée par l’acte artistique, alors Alexandra Tobelaim et Jean-René Lemoine, à travers ce spectacle-concert intimiste et bouleversant, y auront participé largement !
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du champ de Manoeuvre
75012 Paris
Tél : 01 43 28 36 36
Production : Le Nest - CDN transfrontalier de Thionville - Grand Est.
Productions déléguées : Compagnie Tandaim/ Alexandra Tobelaim- Théâtre du Jeu de Paume, Réseau Traverses Association- CDN de l’Océan Indien- Spedidam- Adami- Drac et région Sud PACA- Centquatre Paris-
Coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
Le texte "Face à la mère" est publié aux Solitaires Intempestifs
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