Histoire de l’art
Le 11 juin 2011
Les images chic et choc de ce thriller psychologique débridé séduiront ou agaceront les amateurs d’expérience(s) cinématographiques. Un film inégal et troublant, interprété avec brio par l’acteur Alexandre Marouani.
- Réalisateurs : Jean-Manuel Fernandez - Sean Price Williams
- Acteurs : Thomas Badek, Alexandre Marouani, Alma Jodorowsky
- Genre : Thriller, Expérimental
- Nationalité : Américain, Français
- Date de sortie : 8 juin 2011
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h22min
– Interdit aux moins de 16 ans
Les images chic et choc de ce thriller psychologique débridé séduiront ou agaceront les amateurs d’expérience(s) cinématographiques. Un film inégal et troublant, interprété avec brio par l’acteur Alexandre Marouani.
L’argument : Ernst, expert en œuvres d’art, profite de sa réputation et de ses réseaux pour collaborer avec des trafiquants. Menant un double-jeu, il se retrouve pris au piège lorsqu’on lui demande de remettre la main sur "L’incrédulité de Saint Thomas" du Caravage. Entre Paris et New-York, ses aventures et la femme qu’il aime, Ernst, qui joue sur tous les tableaux, n’arrive bientôt plus à distinguer le vrai du faux.
Notre avis : Avec ses quatre copies distribuées sur le territoire français, c’est de cinéma d’essai, encore plus que d’art, qu’on pourrait qualifier Eyes find eyes... Et ce qualificatif se voit encore confirmé par l’esthétique particulière du film, qui s’impose dès la première séquence, pour prendre le pas sur l’intrigue, une histoire au fond relativement simple de vol de tableau. Le cinéma « marginal » aime les images sales et malmenées, celles qui sortent des chemins habituels : le film accueille donc tour à tour le 16mm granuleux et la vidéo à la sauce « bruit numérique », multipliant par la même occasion les flous volontaires, les cadres vacillants et les vues audacieuses. Cette exploration visuelle, si elle n’est pas toujours réussie, donne pourtant lieu à des flottements séduisants, comme si la matière des tableaux venait s’échapper un moment des toiles pour décrire sur l’écran des motifs abstraits. Car Eyes find eyes a élu comme domaine narratif le milieu du marché de l’art, suspendu entre Paris et New-York, et liant ensemble les marchands, les amateurs et les escrocs. Même si le thème du vrai et du faux parcourt le film par intermittence, l’intrigue manque de substance pour prétendre aux grands essais cinématographiques sur l’art des faussaires, tels que le magique F for Fake d’Orson Welles (duquel on peut trouver des photos où il pose devant un panneau « Eye = I »... Hommage ?). Souvenir / réalité, passé / présent, authentique / falsifié : le scénario ne dépasse que peu souvent ces oppositions binaires.
Ce manque de profondeur est dommageable, d’autant qu’il ne touche pas seulement le déroulement narratif, mais encore les personnages mêmes. Au centre du film, l’expert en tableaux Ernst Ipsum, interprété avec une nonchalance troublante par un acteur très prometteur, Alexandre Marouani. Peint à grands coups de brosse, en évitant toute « psychologie », il demeure la seule figure un peu consistante, tandis que le reste de la distribution défile sans laisser de trace - on a peine à distinguer la plupart des personnages féminins... Par là même, difficile parfois dans Eyes find eyes de trouver un point d’appui ; on reste mi-sidéré, mi-curieux devant les outrances inutiles (scènes de sexe non simulées, séquences de violence gore), pour s’abandonner davantage aux rêveries urbaines que propose les réalisateurs dans le paysage new-yorkais. Eyes find eyes a le mérite d’oser, même avec maladresse, ce que le cinéma (jeune et moins jeune) craint trop souvent de faire aujourd’hui : aller au bout de ses idées, et en récupérer sans les séparer le grain et l’ivraie.
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